Varsovie a été l’objet d’une destruction allemande systématique à la fin 1944. La ville fera l’objet d’une reconstruction unique dans l’histoire de l’humanité. 

Vieille Ville de Varsovie détruite en 1945 - Photo de Świerczyński
Vieille Ville de Varsovie détruite en 1945 – Photo de Świerczyński

Une haine tenace pour Varsovie

Hitler et les nazis ont toujours haï Varsovie.

  • Ils ont haï Varsovie avant 1939, quand la ville se composait des deux sous genres de l’humanité selon l’idéologie nazie : 70% de Slaves, 30% de Juifs – la plus grande communauté juive d’Europe. Un cauchemar pour Hitler.
  • Ils ont haï la ville en 1939 quand après plusieurs semaines de siège, les armées allemandes n’ont pas pu entré dans Varsovie avant que ses dirigeants ne capitulent. 
  • Ils ont haï Varsovie alors qu’ils occupaient la Pologne comme le centre de l’état souterrain, de la vie politique et de la résistance du pays.
  • Ils ont haï la ville en 1943 lorsque le ghetto de Varsovie a pris les armes pour mourir dignement . 
  • Ils ont haï Varsovie en 1944 quand le reste des habitants s’est soulevé pour chasser les nazis alors que l’Armée Rouge était toute proche.

Dans les plans nazis du début de la guerre, Cracovie est la capitale du Gouvernement Général. Cette excroissance du 3e Reich correspond à la partie de la Pologne occupée par l’Allemagne : Lieu de regroupement des Juifs, d’exploitation des populations, d’extermination (Auschwitz, Treblinka, Sobibor…) destiné à devenir une terre de colonisation germanique

Varsovie doit devenir une ville de province avec une population maximum de 130 000 habitants et un périmètre réduit à 15 km2. En 1939, elle compte 1 289 000 habitants.

Plan nazi de 1940 pour une Varsovie allemande, 10 fois moins peuplée.
> Plan nazi de 1940 pour une Varsovie allemande, 10 fois moins peuplée.

Destruction de Varsovie en plusieurs étapes

En septembre 1939, 10% de Varsovie est détruite par l’aviation et l’artillerie allemande. Les premiers bombardements en tapis testés pendant la guerre d’Espagne à Guernica en 1937 seront utilisés sur Varsovie puis quelques mois plus tard sur Rotterdam. 

A la chute de l’insurrection du ghetto de Varsovie en mai 1943, commence la destruction systématique de l’ancien ghetto. Chaque immeuble, chaque mur, chaque trottoir de chaque rue sera détruit. 3 km2 ou 300 hectares de ruine.

La Grande Synagogue de Varsovie est dynamitée.

La Grande Synagogue de Varsovie vers 1880 (?).
> La Grande Synagogue de Varsovie vers 1880 (?).
Terrain du ghetto de Varsovie détruit par les Nazis. Photo de Henry N. Cobb (1947).
> Terrain du ghetto de Varsovie détruit par les Nazis. Photo de Henry N. Cobb (1947).

En février 1944, Hitler souhaite que Varsovie soit détruite dès que possible. 

Le déclenchement du soulèvement de Varsovie le 1er août 1944 est considéré par les dirigeants nazis comme une excellente occasion de résoudre le « problème polonais ». L’ordre d’Hitler est le suivant : « Chaque habitant doit être tué, aucun prisonnier de guerre ne doit être fait. Varsovie doit être rasée et ainsi crée un exemple intimidant pour toute l’Europe ».

Entre août et octobre 1944, l’aviation, l’artillerie et les blindés allemands bombardent et détruisent la ville dans les combats contre la résistance polonaise.

Entre octobre 1944 et janvier 1945, les unités allemandes détruisent systématiquement immeubles après immeubles 30% de la rive gauche de la Varsovie d’avant-guerre. Des centaines de monuments et objets d’une valeur culturelle, religieuse et économique inestimables sont détruits en parallèle des pillages.

Destruction de Varsovie par les Allemands après l'insurrection de 1944.
> Destruction de Varsovie par les Allemands après l’insurrection de 1944.

Ruines de Varsovie en 1945

En 17 janvier 1945 lorsque Varsovie est libérée des nazis par l’armée soviétique sont détruit :

La vieille ville de Varsovie, la Nouvelle Ville de Varsovie, le Château Royal, le Palais de Saxe, la Place Piłsudski, le Palais Krasiński, le Palais Brühl, le Palais Kotowski, le Palais Ostrogski, le Palais de Sapieha, le Palais des quatre vents, le Palais Potocki, le Palais de Mostowski, le Palais Staszic, le Palais de Tyszkiewicz, le Palais Kazimierzowski, le Palais Lelewel, le Château d’Ujazdów, la Colonne de Zygmunt, Église Saint-Alexandre, Cathédrale Saint-Jean, Église jésuite, Église St. marie, Eglise Sainte-Croix, Église Saint-Casimir, Église Saint-Hyacinthe, Église Saint-Martin, Église de la Sainte-Trinité, Cathédrale de campagne de l’armée polonaise, Bibliothèque Załuski… Certains lieux, comme l’actuel musée d’art contemporain Zacheta voit ses murs couverts de matières inflammables sans être incendié par les Allemands en fuite…

Les plus grandes bibliothèques et leurs collections sont brulées. 16 000 000 d’ouvrages de la Bibliothèque Nationale partent en fumée dans l’objectif d’annihiler à jamais la culture polonaise et ses artefacts. 

La rive gauche de Varsovie est détruite à 84%. Si on incorpore la rive droite de Praga, Varsovie est détruite à 65%.

Palais Royal de Varsovie en ruine. Photo d'Alfred Funkiewicz
> Palais Royal de Varsovie en ruine. Photo d’Alfred Funkiewicz
Palais Saski ou de Saxe détruit ) Varsovie en 1945 - Photo de Jan Bułhak
> Palais Saski ou de Saxe détruit à Varsovie en 1945 – Photo de Jan Bułhak
Krakowskie Przedmiescie sur le tracé royal de Varsovie en 1945. L'armée déployée prévient le pillage.
> Krakowskie Przedmiescie sur le tracé royal de Varsovie en 1945. L’armée déployée prévient le pillage.
Allées Jerozolimskie devant le Musée National de Varsovie en 1945.
> Allées Jerozolimskie devant le Musée National de Varsovie en 1945.
Ruines de l'ancienne gare centrale de Varsovie en 1945.
> Ruines de l’ancienne gare centrale de Varsovie en 1945.
Tombe du soldat inconnu à Varsovie en 1945.
> Tombe du soldat inconnu à Varsovie en 1945.
Plac Warecki et immeuble du Prudential à Varsovie détruit en 1945 - Photo de Maćkowiak
> Plac Warecki et immeuble du Prudential à Varsovie détruit en 1945 – Photo de Maćkowiak

Reconstruction de Varsovie

Aussitôt Varsovie libérée des milliers d’anciens habitants retournent à Varsovie et rejoignent les quelques milliers de « robinsons crusoés » comme Wladyslaw Szpilman (le Pianiste) survivant dans les ruines.

La rive gauche est un lieu de pillage où chacun fouillent les décombres à la recherche d’objets utiles et pouvant être revendus. La rive droite moins détruite connaît une véritable effervescence. 

> Extrait et spoilers du film « Le pianiste » de Roman Polanski sur le pianiste Wladyslaw Szpilman.

Enfant dans les ruines de Varsovie en 1945.
> Enfant dans les ruines de Varsovie en 1945.

En raison de graves dommages, les autorités envisagent le transfert temporaire ou définitif de la capitale à Cracovie, Łódź ou Poznań. Elles envisagent même la construction d’une nouvelle capitale à Gora Kalwaria à 30 km au sud de Varsovie. Les ruines de Varsovie seraient alors conservées dans leur état pour témoigner de l’horreur de la guerre. 

La reconstruction de Varsovie ne procède pas d’une logique économique mais d’un aspect symbolique et politique.

  • Les Varsoviens veulent leur ville, les Polonais leur capitale.
  • Staline souhaite que les nouvelles autorités polonaises sous influence du Kremlin soient acceptées par le peuple.
  • Entre les deux, les architectes modernistes proches de l’avant-garde et des courants progressistes d’avant-guerre (socialiste et communiste) voient dans cette tabula rasa la chance de reconstruire une nouvelle Varsovie. Moins dense, plus fluide avec des axes plus larges et plus d’espaces verts.
  • Dernier acteurs, les conservateurs, au propre comme au figuré, dont le voeu est de retrouver une Varsovie historique à transmettre aux prochaines générations. 

C’est l’interaction des différents acteurs qui ont permis à la « mer de ruine », 20 000 000 de m3 de gravats, de sortir de terre et devenir la Varsovie moderne.

BOS ou bureau de reconstruction de la capitale polonaise.
> BOS ou bureau de reconstruction de la capitale polonaise.

Le rôle des conservateurs

Les Conservateurs ont obtenu la reconstruction du coeur historique. Chose faîte en 1953 : la Vieille Ville, la Nouvelle Ville et le tracé royal : Krakowskie przedmiescie > Nowy Swiat > Lazienki.

Cette reconstruction géniale est également un voyage dans le temps puisqu’il s’agit non pas de reconstruire la Varsovie de 1939 mais celle d’architecture classique d’entre 1750 et 1830. Alors que les bibliothèques et les archives ont été incendiées, les conservateurs se basent notamment sur les toiles de Canaletto (Bellotto) pour faire sortir la ville de terre.

Le principal artisan de cette reconstruction est le professeur Jan Zachwatowicz : 

La nation et les monuments de sa culture ne font qu’un. Ne pouvant nous arracher des monuments de la culture, nous allons les reconstruire, les reconstruire à partir des fondations pour les transmettre aux générations futures, sinon dans leur forme authentique, du moins leur forme exacte, vivant dans notre mémoire et disponible dans les sources.

Cette décision de reconstruire les quartiers entiers, rue par rue et non plus uniquement les bâtiments remarquables suscitent beaucoup de réactions et de discussions dans les milieux de conservation dans le reste de l’Europe.

Il n’y a pas d’autres exemples de reconstruction aussi large après guerre, mis à part le centre de Riga où les Lettons firent appels aux architectes polonais pour reconstruire leur capitale détruite.

La reconstruction de la Vieille Ville de Varsovie est terminée en 1974 avec la reconstruction du Palais Royal. La vieille ville est inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1980.

Palais Royal de Varsovie - Photo de Mkos
> Palais Royal de Varsovie – Photo de Mkos
Ruelle de la vieille ville de Varsovie.
> Ruelle de la vieille ville de Varsovie.
Eglise Nawiedzenia Najświętszej Marii Panny à Varsovie en 1945 - photo d'Edward Falkowski
> Eglise Nawiedzenia Najświętszej Marii Panny à Varsovie en 1945 – photo d’Edward Falkowski
Eglise Nawiedzenia Najświętszej Marii Panny à Varsovie aujourd'hui - Photo de Carlos Delgado
> Eglise Nawiedzenia Najświętszej Marii Panny à Varsovie aujourd’hui – Photo de Carlos Delgado

La vision des modernes

A l’opposé des Conservateurs, les « modernes » proche du pouvoir comme Józef Sigalin réalisent leur vision à travers des aménagements urbanistes originaux puis inspirés du réalisme-socialiste.

La suppression de la propriété privée permet de reconstruire sans entraves.

Quelques réalisations architecturales d’après guerre :

  • Le quartier de Mariensztat construit de manière moderne dans l’esprit de l’architecture des petites villes polonaises de 1700 (entre style baroque et classique),
  • Des projets modernistes d’avant guerre,
  • La voie rapide Est-Ouest (1947-1949) ou Trasa W-Z traverse dans un tunnel le centre historique faisant communiquer les deux rives.
  • Les quartier MDM d’inspiration stalinienne puis le quartier de lotissements Muranow construit sur l’ancien ghetto.
  • Pour accueillir un centre moderne de gratte-ciels ont détruit des bâtiments de la fin 1800 ayant survécu à la guerre. Finalement le terrain sera utilisé pour le Palais de la Culture offert par l’URSS (1951-1955).
  • Le stade Dziesięciolecia dans le quartier de Praga (1954-1955). 
Construction du quartier de Mariensztat à Varsovie - Photo d'Antoni Nowosielski
> Construction du quartier de Mariensztat à Varsovie – Photo d’Antoni Nowosielski
PKiN à sa livraison en 1955 (ou 1961 ?) : Blancheur immaculée. Le reste de Varsovie est encore largement en ruine. Photo de John Shultz
Carte postale des années 1970 du Plac Konstytucji à Varsovie.
> Carte postale des années 1970 du Plac Konstytucji à Varsovie.

Dès 1956, La déstalinisation est l’occasion d’une critique de l’architecture stalinienne, peu rationnelle et onéreuse à produire. Les architectes reviennent à une architecture fonctionnelle inspirée de l’école du Bauhaus et de Le Corbusier.

 Architecture de Varsovie : Voir les constructions les plus intéressantes du 20e siècle. Hors gratte-ciels.

Carte de Varsovie : Lieux du guide touristique

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Bon plan ! Vous pouvez télécharger gratuitement la carte pour une utilisation hors connexion.

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Maciej

J'aime me perdre à la recherche d'endroits surprenants.

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