Voici un musée de la médina gagnant à être connu pour vivre l’une des plus belles expériences possibles de Marrakech : Créer votre propre parfum dans un tête à tête avec un « nez » et une cinquantaine d’huiles essentielles ! C’est absolument génial.
Le Musée du parfum se trouve dans la centre de la Médina de Marrakech à quelques minutes à pied de la Medersa Ben Youssef et de la Maison de la photographie.
Il occupe un charmant riad du 19e siècle où il est agréable de déambuler entre les pièces ou de s’arrêter dans la cour arborée pour apprécier le calme et le génie des intérieurs traditionnels marocains.
Le musée a été crée par le plus célèbre parfumeur marocain : Abderrazzak Benchaâbane. Parfumeur, mais aussi botaniste et collectionneur d’art.
La Fondation Benchaâbane/Musée de la palmeraie, autre musée de cet ancien collaborateur d’Yves Saint Laurent, est un incontournable pour les amateurs de cactus, de jardin et d’art moderne. Abderrazzak Benchaâbane participa à la restauration du Jardin Majorelle après le rachat de la villa par le célèbre couturier.
Collection du musée du parfum
Le musée s’organise dans les pièces surplombant la cour.
Vous serez plongé dans un bain de senteurs des huiles essentielles associées au pays. Des longs textes wikipediesques, intéressants mais présentés de manière un peu aride et des objets remarquables ponctuent la visite.
L’ensemble est didactique mais un peu décevant, compte tenu des sujets traités (botanique, santé, histoire, écologie) et des médiums possibles (photos, dessins botaniques, videos)…
De la naissance à la mort
Vous découvrirez la place du parfum dans la culture du Maroc et plus largement dans la culture des pays arabes.
Son importance apparait à plusieurs niveaux : importance rituelle accompagnant les étapes de la vie, importance coutumière ancrée dans un quotidien ou une saisonnalité (liées aux récoltes), lieux de sociabilité et d’apprentissage, moment poétique et sensuel…
Elle s’inscrit dans une histoire plus large de la connaissance des plantes, de leur propriétés et bienfaits, mais aussi de la transmission des savoir-faire de génération de femme en génération de femme : préparations cosmétiques (soin de la peau et des cheveux), distillations et parfums. Par extension concernant les plantes, on peut ajouter des préparations culinaires et thérapeutiques…
C’est dans les patios des maisons que les alambics distillaient les fleurs d’orangers et de roses, parfums auxquels venaient se mêler les senteurs de myrte, de clous de girofle, de citrons vert… On imagine les ambiances d’échanges et de préparation à la fois studieuse et prétexte à se retrouver entre femmes d’une famille ou entre amies.
En plus des alambics en cuivre, les familles possèdent une collection d’ustensiles : aspersoirs, amphores en verre soufflé et autres encensoirs pour la conservation et la présentation des parfums faits maison. Un artisanat florissant de fabrication d’accessoires s’y consacre à Fès et à Marrakech.
Plantes et parfums du Maroc
Certaines plantes pour leur parfum ou leur huile occupent une place centrale dans le mode de vie marocain.
L’arganier
L’ arganier, l’un des arbres les plus anciens du pays, à la fois endémique et à la répartition géographique limitée : 800 000 hectares dans le Sous et la région d’Essaouira.
L’huile d’argan est utilisée au Maroc depuis très longtemps : alimentation, thérapeutique, soins cosmétiques et… éclairage !
Tout commence par un arbre ressemblant à l’olivier. Puissant, massif et épineux, d’une feuillage persitant vert foncé. La pulpe de ses fruits est ingéré par les chèvres montant habilement sur ses branches tandis que le noyau non digéré est collecté, cassé puis son amande est torréfié avant d’être pressé. Voici le processus assez original, nécessairement long et artisanal de création de l’huile d’argan.
Le rendement annuel d’un arbre mature est d’environ 7 kg de fruits. Chaque kilo de fruit produit environ 50 grammes d’amandes (100 kg de fruits permet d’obtenir 5 kg d’amandes). Un arbre produit donc environ 350 grammes d’amandes. Avec un rendement de 30%, environ 3 kg d’amandes sont nécessaires pour produire 1 litre d’huile. Si vous êtes encore là, il faut donc 10 arbres pour un litre d’huile…
Cet huile est un bain de jouvence : Elle prévient les troubles cardio-vasculaires, réduit le taux de choléstrelol dans le sang, nourrit la peau et les cheux, atténue les rides… Un vrai petit miracle assez difficile à imaginer à la vue de ses branches épineuses.
Figue de Barbarie
La figue de barbarie a été introduite au Maroc après 1492 et la découverte des Amériques d’où elle est originaire.
Chaque figue de barbarie contient dans sa pulpe des petites graines. Des machines adaptées permettent l’extraction d’une l’huile rare. Il faut près d’1 tonne de fruits pour obtenir 1 litre d’huile de figue de barbarie !
Cette huile est un allié exceptionnel pour lutter contre le vieillissement cutané, les cernes, la deshydratation de la peau…
Verveine odorante
La verveine odorante (Aloysia citrodora) est également originaire d’Amérique du sud puiqu’elle nous vient des Andes.
En plus d’être bu en infusion, la verveine est utilisée dans de nombreuses préparations : savon, extraits et sachets parfumés.
En parfumerie la verveine est utilisée comme une note de tête. Son parfum est léger et citronné rappelant les senteurs de citronnelle.
La verveine est utilisée également comme anti-inflammatoire et contre la fatigue. Les infusions de verveine sont digestives et calmantes. Ses infusions traitent l’insomnie et les troubles anxieux.
Safran
Originaire d’Orient, le safran est connu depuis l’Antiquité. Il a été utilisé par les Indiens, les Assyriens de Mésopotamie, les Egyptiens, les Phéniciens ou encore les Juifs.
On récolte les 3 stigmates de la fleur de Crocus sativus. Accrochez-vous, il faut 750 000 fleurs pour obtenir 1 kg de stigmates de safran séché…
Au Maroc, le safran est reconnu comme une plante médicinale aux multiples vertus : antioxydant, tonique, aphrodisiaque, il favorise ou provoque la menstruation.
Le safran dégage un parfum à la fois épicé et doux, ce qui en fait un ingrédient prisé en parfumerie orientale, souvent utilisé en note de cœur.
Cèdre de l’Atlas
Près de 133 000 hectares de cet arbre majestueux se retrouve dans les zones montagneuses humides marocaines (Rif Occidentale, Moyen-Atlas et Haut-Atlas Oriental). D’une hauteur de 30 à 40 mètres, il prospère à une altitude de 1 500 et 2 500 mètres.
L’essence de cèdre est obtenue à partir de copeaux de bois imprégnés de résine, qui dégagent un parfum à la fois doux, puissant et revigorant. Appartenant à la famille olfactive des résineux, le cèdre est souvent utilisé par les parfumeurs comme une note de fond, apportant profondeur et caractère aux compositions parfumées.
Menthe
La production annuelle du Maroc est d’environ 70.000 tonnes de menthe, ce qui permet d’assouvir une importante consommation quotidienne notamment dans le thé.
La menthe est parmi les plantes aromatiques et médicinales les plus célèbres, appréciée depuis l’Égypte ancienne. Son essence libère un parfum frais et léger, tandis que la pharmacopée traditionnelle valorise ses vertus tonifiantes, antiseptiques et digestives.
Rose de Dades
Les roses (Rosa domescena et Rosa contifolia) sont cultivées dans la vallée du Dades, près de Kela M’gouna.
La rose est un ingrédient prisé des parfumeurs. Il est utilisé comme une note de coeur.
La rose est exploitée pour la production de plusieurs produits: Les boutons floraux séchés, l’eau de rose, l’essence de rose, la concrète et l’absolue de rose. 4 à 5 kg de roses fraîches sont nécessaires pour faire 1 Kg de rose sèche. 5 000 Kg de roses fraiches permettent d’obtenir 1 Kg d’huile essentielle.
Fleur d’oranger
Le parfum de la fleur d’oranger, le Néroli, enivre les hommes depuis l’Antiquité. Chinois ou indien à l’origine, l’oranger a gagné à travers l’Arabie les pourtours de la Méditerranée, l’Espagne, la Sicile et la Provence.
Tonifiantes, sédatives et antidépressives, la fleur d’oranger rafraichit et vivifie.
Fréquemment utilisée en parfumerie et cosmétique, La fleur d’oranger joue un rôle important au Maroc dans la médecine traditionnelle, la cuisine ou la patisserie.
La myrrhe
La myrrhe, appellé aussi le baume de La Mecque, est produite par l’arbre à myrrhe présents dans les régions sèches du nord-est de l’Afrique (Djibouti, Éthiopie, Soudan, Somalie, Kenya) et de la péninsule Arabique (Yémen et Oman).
L’histoire de la myrrhe remonte aussi loin que celle de l’encens, les Égyptiens la connaissant depuis quatre millénaires. Pour les Hébreux, la myrrhe figure parmi les principaux composants de l’huile d’onction sainte.
La gomme résineuse est récoltée sur le tronc de l’arbre, où elle s’écoule naturellement. Elle est ensuite distillée pour produire une huile essentielle épaisse de couleur foncée.
Utilisée comme note de fond dans l’industrie de la parfumerie, la myrrhe apparait notamment dans les parfums de type oriental associé à la rose.
Outils du parfumeur : Alambic et orgues à parfum
Alambic
L’alambic est un appareil en cuivre, verre ou en inox utilisé pour fabriquer des eaux florales, des huiles essentielles et de l »eaux-de-vie par distillation de jus de fruits fermentés…
Son origine remonte à -3500 av. J.-C en Mésopotamie, on le retrouve ensuite à Babylone puis en Perse où il est perfectionné.
Il est composé de 3 compartiments :
- Tout en bas, le chaudron où l’on met de l’eau à bouillir.
- Le deuxième compartiment au-dessus est percé de trous laissant passer la vapeur d’eau traverser les plantes à distiller.
- Le troisième compartiment couvre l’ensemble et piège la vapeur d’eau chargée d’essences où elle se condense.
Quand l’eau chauffe, la vapeur passe à travers les plantes et entraîne avec elle les molécules aromatiques. La vapeur chargée est ensuite refroidie en passant dans une cuve réfrigérante, elle se transforme en un liquide (mélange d’eau distillée et d’huile essentielle) qui coule dans une autre cuve appelée essencier. L’huile, plus légère que l’eau flotte en surface. Il ne reste plus qu’à tirer l’eau, qui n’est autre que l’hydrolat, ou eau florale, et à récupérer l’huile essentielle.
Extrait du texte de présentation du Musée du Parfum
Orgues à parfum
L’orgue à parfums est un meuble professionnel conçu pour ranger en demi-cercle les flacons contenant les matières premières utilisées par un parfumeur.
A l’origine du concept, on trouve un écrivain ! L’ auteur français Joris-Karl Huysmans met dans « À rebours » (1884) en scène un antihéros, Jean des Esseintes, retiré du monde où il rassemble les objets les plus précieux à ses yeux, crée des parfums et cultive des fleurs vénéneuses.
L’idée de l’orgue à parfums était née, bientôt fabriqué par des ébénistes, avant de devenir un symbole de la profession.
Réaliser son propre parfum : L’expérience ultime
Le musée est pédagogique et ravira les passionnés mais l’intérêt principal d’une visite consiste selon moi à réaliser votre parfum personnel.
C’est un moment complice, amusant et qui touche au plus profond de votre être.
Vous y apprendrez qu’un parfum a une structure : Tête, coeur et fond. Vous jouerez sur ces 3 éléments lors de la création du parfum.
- Les notes de tête représentent les premières impressions olfactives d’un parfum, caractérisées par leur volatilité qui ne dure que quelques minutes.
- Les notes de cœur se révèlent lorsque les notes de tête commencent à s’estomper. Leur persistance peut s’étendre sur plusieurs heures, incarnant l’identité et la puissance du parfum.
- Les notes de fond sont les plus tenaces. Elles agissent comme des fixateurs pour les notes de tête et de cœur, permettant ainsi au parfum de perdurer plus longtemps. Leur empreinte olfactive peut rester imprégnée sur les vêtements pendant des heures, voire des jours.
Vous devrez ensuite sur la base d’un échange avec la « nez » sélectionner vos senteurs préférées à partir d’une 50-aine (?) d’entres elles.
Le processus de sélection se fait en plusieurs vagues pendant lesquels vous serez accompagné de manière bienveillante. Ce processus de recherche associe mémoire et émotion, ce qui rend le moment sensible et profond.
Une fois votre choix réalisé, la « nez » appliquera les bonnes proportions et ajoutera de l’alcool pour figer le mélange. Vous nommerez votre parfum aveant de repartir avec. Comptez entre 40 et 60 minutes du début à la fin.
Je suis resorti de cet atelier touché et sincèrement ému. C’est l’une des plus belles expériences que j’ai pu vivre à Marrakech lors de mon dernier voyage.
Informations pratiques sur le Musée du parfum de Marrakech
Le Musée du parfum se trouve dans la centre de la Médina de Marrakech.
Adresse : 2, Derb Chérif, Rue Diour Saboun, Marrakech 40000, Maroc
Horaires d’ouverture : Tous les jours de 9h à 17h30.
Prix d’entrée (tarifs en 2024) : 50 dhr l’entrée. Il faut ajouter 240 dhr pour la création du parfum personnalisé. Pensez à réserver depuis le site officiel (via email).
Site officiel : https://www.benchaabane.com/lemuseeduparfum/
Carte de Marrakech : Lieux du guide touristique
Retrouvez tous les lieux du guide à visiter sur la carte de Marrakech (Maroc) : Hôtels et hébergements selon votre budget, monuments incontournables, musées essentiels, jardins et piscines magiques, où sortir, shopping…
Bon plan ! Vous pouvez télécharger gratuitement la carte pour une utilisation hors connexion.
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