Voici l’un des musées d’art les plus riches de Marrakech. C’est une bonne manière de découvrir le Maroc par les yeux des premiers occidentaux découvrant le pays puis par celui des premiers artistes originaires du pays.

"Procession" (1910) de Mohamed Ben Ali R' Bati au musée MACBA de Marrakech.
« Procession » (1910) de Mohamed Ben Ali R’ Bati au musée MACBA de Marrakech.

Le musée MACMA se trouve dans le quartier du Guéliz à Marrakech.

Le Musée d’Art et de Culture de Marrakech a été inauguré en 2016 par le célèbre collectionneur marocain Nabil El Mallouki. Il s’agit d’un musée privé qui expose principalement des œuvres réalisées par des artistes marocains, ou par des artistes internationaux inspirés par le Maroc.

À l’intérieur de son bâtiment moderne conçu par l’architecte Amine Tounsi, le Macma vous invite à découvrir de nombreuses photographies, peintures et sculptures qui vous permettront de vous initier à une culture locale poétique et immensément riche.

Vous trouverez à proximité la Galerie Matisse associé au musée. C’est l’une des galeries d’art de Marrakech où passer une tête.

Collection du musée MACMA

La créativité fait partie de l’ADN marocain, autant dans la qualité minutieuse des artisans traditionnels que dans celle de ses artistes picturaux, aujourd’hui réputés a l’international.

Un lien fort continue d’unir ces deux pôles de l’art qui se nourrissent de la transmission des techniques, la sensibilité aux couleurs et aux matières, mais aussi d’une culture subjective, onirique, attachée à la représentation de l’informel, du spirituel, du rêve.

Au départ d’une traduction souvent spontanée voire impulsive ou naïve du monde qui les entoure, ses successeurs dans la peinture marocaine ont peu a peu apprivoisé de nouvelles expressions et matérialisations artistiques.

Ils ont fusionné des points de vue et des influences de l’art international avec leurs propres explorations. Ils y ont intégré une interprétation de l’univers à partir de leur terroir et leur vécu intime, et l’ont confrontée de plus en plus aux questions et aux rêves qui animent l’humanité.

La peinture marocaine est souvent contemplative, elle aime la suggestion, les couleurs et la représentation onirique tant de l’individu que du groupe dans un environnement en mutation.

Présentation de la collection du MACMA

Collection orientaliste

Suite au tremblement de terre de 2023, une partie des collections du Musée orientaliste s’y trouve temporairement avec des oeuvres artistiques et objets artisanaux par des artistes européens et des artisans marocains.

Vous y trouverez par exemple les premières photos du Maroc réalisés par les pionniers espagnols, anglais, écossais ou français à la fin du 19e.

Pour info : Cette période est également couverte par le Musée de la photographie de Marrakech.

Photos anciennes du Maroc au MACMA.
Photos anciennes du Maroc au MACMA.
Photo du Maroc vers 1890-1900 au MACMA.
Photo du Maroc vers 1890-1900 au MACMA.

La collection comprend ensuite des tableaux et des objets. Il est assez fascinant de voir évoluer la représentation du pays depuis les romantiques aux proto-cubistes en passant par les expressionnistes…

Vous croiserez des oeuvres d’Eugène Delacroix, Salvador Dali, André Suréda, Henri Pontoy, Matteo Brondy entremêlés aux portes berbères aux motifs parfois universels, parfois semblant directement de l’espace intersidéral. Portes, armoires, poterie, petits objets, tout est prétexte au beau.

Vous traverserez le pays du Nord au Sud et d’Est en Ouest : Tanger et Tetouan, les premières terres de découverte des photographes, puis Rabat-Salé, Fès évidemment, Marrakech, Aït Ben Habbou.

Il y a des oeuvres documentaires et des oeuvres d’art remarquables : Portraits, paysages, scènes de combats équestres, scènes de rue… La collection est riche et variée.

On regrettera peut-être juste une trame narrative ou contextuelle peu présente. Cela n’empêche évidemment pas d’apprécier le voyage mais plus de contexte apporterait aussi plus de profondeur.

"Vendeurs de ceramique à Fès" tableau de Joseph Felix Bouchor.
« Vendeurs de ceramique à Fès » tableau de Joseph Felix Bouchor (vers 1910).
"Charmeurs de serpents à Marrakech" d'André Sureda (vers 1915).
« Charmeurs de serpents à Marrakech » d’André Sureda (vers 1915).
"La dispute" d'Erich Wolfsfeld (vers 1930).
« La dispute » d’Erich Wolfsfeld (vers 1930).
Porte berbères au MACMA.
Porte berbères au MACMA.
Bataille de Tetouan par Salvador Dali (1971).
Bataille de Tetouan par Salvador Dali (1971).

Collection moderne

On sort de la représentation européenne d’un Orient exotique pour découvrir les premiers artistes peintres et artistes graphiques marocains.

De l’Art Naif de Fatima Hassan Al Farooj (à rapprocher de Fatna Gbouri) à des expressions psychédéliques à la limite de la folie d’Abbes Saladi, la collection propose quelques-uns des grands noms de l’art moderne marocain.

Ici aussi, vous trouverez une belle diversité de styles, de genre et de thématiques avec la présence de plus en plus marqué des femmes artistes.

Collection d'artistes marocains au MACMA.
Collection d’artistes marocains au MACMA.
Toile sans titre d'Abdelouahed Sordo (1943).
Toile sans titre d’Abdelouahed Sordo (1943).
Toiles d'Amina Benbouchta au MACMA.
Toiles d’Amina Benbouchta au MACMA.

Qui est Mohamed Tabal ?

Mohamed Tabal, artiste-peintre autodidacte marocain, est né en 1959 à El Hanchane. Surnommé le « peintre gnaoua », il est profondément inspiré par la musique et la culture gnaoua.

Le style artistique de Mohamed Tabal se révèle dans ses œuvres :

  • Ses toiles sont un festival de couleurs vibrantes et de gaieté, capturant l’esprit festif de la musique gnaoua.
  • Tabal adapte les rythmes de la musique gnaoua dans sa peinture, créant des narrations visuelles qui expriment des scènes de fêtes, de « lila » (nuits rituelles gnaoua) et de la vie quotidienne.
  • Il construit ses œuvres autour d’un thème central, générant ainsi d’autres motifs et histoires, offrant une multiplicité d’interprétations.
Peinture de Mohamed Tabal (1959).
Peinture de Mohamed Tabal (1959).

Qui est Abbes Saladi ?

Abbès Saladi est né en 1950 à Marrakech. Il a interrompu ses études de philosophie à Rabat en 1977 pour des raisons médicales, se consacrant ensuite à la peinture.

Il est découvert par le directeur de l’American Language Center de Marrakech grâce à ses œuvres vendus sur la place par sa mère et sa soeur (ou son frère ?) de l’artiste. Sa première exposition a lieu en 1978.

Son univers psychédélique est mystérieux, inquiétant et semble tiré d’une hallucination sous LSD.

Ses personnages dessinés à l’égyptienne (corps de face et face de profil) et son bestiaire de créatures hybrides (oiseaux, serpents, plus rarement animaux à 4 pattes) évoluent dans une végétation luxuriante et sur fond d’architecture arabo-musulmane.

La répétition, la symétrie, le pavé mosaïque (damier noir et blanc, opposition entre le bien et mal, le sacré et le profane), tout est ou semble être symbole et référence magique.

Le trait est précis, les détails nombreux. Les tableaux sont magnétiques et aspirent le regard.

L’art de Saladi entremêle des références à l‘iconographie religieuse et aux contes populaires de la place Jemaâ el-Fna. Ses créatures mi-anges mi-démons côtoient des animaux ailés et des personnages mythiques.

Interné dans un asile psychiatrique, Saladi meurt en 1992 à Marrakech.

Bon à savoir : De nombreuses oeuvres d’Abbes Saladi se trouve dans le Musée de la Place Jamaa el Fna.

Détails de l'oeuvre "Trones" de Saladi.
Détails de l’oeuvre « Trones » de Saladi.

Qui est Fatna Gbouri ?

Gbouri Fatna, née en 1924 à Tnine Gharbia (province de Safi) a commencé à peindre en 1982, à l’âge de 58 ans.

Le style artistique de Fatna Gbouri se caractérise principalement par son approche figurative et naïve, l’utilisation audacieuse des couleurs et sa représentation captivante de la vie populaire et des traditions locales du Maroc.

Fatna Gbouri est affiliée à l’école de la peinture naïve, adoptant un style pictural figuratif qui se caractérise par une approche réaliste et poétique du monde qui l’entoure. Ses œuvres sont reconnues pour leur aspect naïf, spontané et innocent, capturant la vie populaire et des scènes de genre.

L’artiste utilise de manière abondante des couleurs vives et saturées dans ses tableaux, exprimant ainsi son amour pour la vie et la nature. Ses toiles sont souvent décrites comme une féérie de couleurs, mettant en lumière sa palette colorée distinctive.

Les peintures de Gbouri présentent fréquemment des scènes issues de la vie quotidienne. Elle dépeint des paysages pittoresques où l’humain occupe une place centrale à côté des coutumes locales et des célébrations. Elle offre ainsi son regard sur les traditions marocaines.

Toile de Fatna Gbouri vu lors d'une exposition au Dar Pacha.
Toile de Fatna Gbouri vu lors d’une exposition au Dar Pacha.
"La mariée" de Fatima Hassan Al Farooj (1972).
« La mariée » de Fatima Hassan Al Farooj (1972) au MACMA.

Informations pratiques sur le MACMA à Marrakech

Le musée MACMA se trouve dans le quartier du Guéliz à Marrakech. L’entrée est dans la cour d’un immeuble où flotte une banderole MACMA visible depuis la rue.

Adresse : Passage Ghandouri، après Pâtisserie Mon Quotidien، 61 rue yougoslavie, Marrakesh 40000, Maroc
Prix d’entrée : 70 DRH à plein tarif.

Site officiel : https://www.facebook.com/MuseeMACMA/

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Maciej

J'aime me perdre à la recherche d'endroits surprenants.

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