Artiste pionnier et autodidacte installé à Tanger, Mohamed Ben Ali R’bati est une figure essentielle de la peinture marocaine du XXe siècle. Il fut le premier à représenter le Maroc depuis l’intérieur, avec justesse, inventivité et liberté. Il est associé au mouvement naïf.

"Scène de fête" par Mohammed Ben Ali Rbati, autre peintre à Tanger à la même période.
« Scène de fête » par Mohammed Ben Ali Rbati, peintre à Tanger.

Mohamed Ben Ali R’bati occupe une place singulière et fondatrice dans l’histoire de la peinture marocaine.

Il a su, sans modèle formel, créer un langage pictural autochtone à partir de son propre environnement, en dialoguant indirectement avec les codes européens, tout en préservant une voix profondément marocaine.

Certaines de ses oeuvres se trouvent dans la Légation américaine dans la Médina de Tanger. Une des ses oeuvres est également visible au musée MACBA de Marrakech.

Un autodidacte tangérois au carrefour des cultures

Né à Rabat vers 1861. Issu d’une famille d’artisan modeste, il rejoint Tanger à 25 ans. Tanger connait un développement sans précédent lié à son ouverture sur l’occident.

Il commence sa carrière comme pompier dans l’armée indigène espagnol, puis gardien de banque. Il travaille enfin au sein de la Légation britannique de Tanger, un poste qui lui permet de fréquenter les milieux étrangers et lettrés, et qui favorise une première exposition à la peinture occidentale.

Il s’adonne progressivement à la peinture, bien qu’il n’ait reçu ni formation académique ni éducation artistique formelle.

Son talent est rapidement remarqué par Sir John Lavery, peintre officiel britannique, ainsi que par Walter Burton Harris, correspondant du Times à Tanger. Ces figures clés lui apportent reconnaissance, commandes et encouragements à persévérer dans son art, à une époque où la pratique picturale figurative restait marginale, voire perçue comme suspecte dans un contexte musulman.

Rue Siaguine dans la Médina de Tanger début 1900.
Rue Siaguine dans la Médina de Tanger début 1900.

Pionnier de la peinture marocaine moderne : Un regard marocain sur la vie quotidienne

L’œuvre de R’bati se distingue par son ancrage dans la culture populaire marocaine. Il dépeint des scènes de genre tirées du quotidien : mariages, fêtes religieuses, marchés, femmes au hammam, danses et cérémonies soufies. Ces compositions sont souvent présentées en coupe ou en perspective inversée, rappelant certaines miniatures persanes ou manuscrits anciens.

Contrairement aux orientalistes européens qui projetaient un imaginaire fantasmé sur le Maroc, R’bati offre un regard de l’intérieur, autochtone, sincère et descriptif, bien que stylisé.

Un style naïf, narratif et lumineux

Le style de Mohamed Ben Ali R’bati est souvent qualifié de naïf, mais cela ne doit pas être compris comme une faiblesse. Son traitement pictural se caractérise par :

  • une absence de perspective linéaire occidentale, remplacée par une organisation spatiale symbolique ;
  • une palette vive et lumineuse, composée de couleurs franches et souvent sans ombres portées ;
  • une tendance à l’accumulation de détails au sein de compositions denses et narratives ;
  • un usage expressif des lignes et des formes simplifiées, qui confère à ses œuvres une lisibilité directe.

Ce style personnel confère à son œuvre un caractère documentaire, parfois utilisé aujourd’hui pour restituer des aspects disparus du Maroc traditionnel urbain.

"Procession" (1910) de Mohamed Ben Ali R' Bati au musée MACBA de Marrakech.
« Procession » (1910) de Mohamed Ben Ali R’ Bati au musée MACBA de Marrakech.

Héritage de Mohamed Ben Ali R’bati

Sa démarche a précédé celle des peintres modernistes marocains des années 1950 (comme Chaïbia Talal ou Ahmed Cherkaoui) qui, à leur tour, réinterpréteront les formes traditionnelles dans un contexte d’indépendance artistique et politique.

Ses œuvres, conservées dans des collections privées et institutions (notamment en Grande-Bretagne), font aujourd’hui l’objet de réévaluations critiques dans le cadre des études postcoloniales sur l’orientalisme et l’art autochtone.

Il est souvent comparé aux artistes dits « primitifs modernes » tels que Henri Rousseau ou Séraphine de Senlis, bien qu’il s’inscrive dans une histoire proprement marocaine.

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"Scène de fête" par Mohammed Ben Ali Rbati, autre peintre à Tanger à la même période.

Maciej

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