Le Musée Jamâa el-Fna revient sur différents aspects historiques et culturels au coeur battant de Marrakech : sur l’histoire de la place et de la ville, sur ses personnages emblématiques et ses artistes (musiciens, conteurs, dessinateur). Un joli musée à visiter.

Musée Jemaa el Fnaa à Marrakech.
Musée Jemaa el Fnaa à Marrakech.

Le Musée Jamâa el-Fna se trouve dans la Médina de Marrakech au sud de la célèbre place.

A ma connaissance, il n’y a pas d’autre place au monde qui peut s’enorgueillir d’avoir leur propre/dédié musée. Y-a-t-il au monde une place aussi exceptionnelle ailleurs ?

Edifice monumentale d’une ancienne banque

Le musée se situe dans la première agence de la Banque d’État du Maroc construite en 1922. Le batiment conçu par les architectes Auguste Cadet et Edmond Brion est un monument à part entière qui inspirera d’autres constructions à Casablanca et Fès.

La collection numismatique du musée rappelle l’héritage de monnayage d’abord d’Aghmat, puis de Marrakech à travers les âges.

Dans sa forme, l’ancienne agence bancaire se rapproche du bâtiment de la Poste voisin.

Un corps central avec une façade à arcades bordés d’ailes latérales symétriques, une porte d’entrée en cèdre monumentale et ouvragée. un hall principal magnifique avec une coupole en bois sculpté arborant le motif du sceau de Salomon (appellé aussi étoile de David), symbole de protection dans les religions du livre.

Le musée est accolé à la Poste de la place. Ici sur une ancienne carte postale.
Le musée est accolé à la Poste de la place. Ici sur une ancienne carte postale.

Un musée, une place, plusieurs angles

L’exposition est structurée en plusieurs sections :

  • Une exploration de l’histoire de Marrakech et de la Place Jamaâ el-Fna,
  • Une mise en lumière la tradition de la halqa et des hlaiqis,
  • Une collection d’art représentant la place et plus largement la vieille ville de Marrakech à travers peinture et photographie,
  • Une pièce est consacrée aux films et aux séries TV réalisées sur la place, dans la médina, à Marrakech ou au Maroc. C’est assez impressionnant.
  • Dernière section, celle déjà abordée consacrée à la numismatique : pièces en or ou en argent.

Histoire de la place… et de Marrakech

À travers Jemaa el Fna, vous découvrirez en filigrane l’histoire de la cité.

Les périodes et évènements clés, ce qui constitue une bonne introduction aux heures de gloire et de déclin de la ville rouge en fonction de la dynastie régnante : Almoravide, almohade, mérinide, saadiens…. De la fondation de la ville au classement de la place au patrimoine immatériel de l’humanité.

L’histoire du nom de cette place remonte à l’époque saadienne (1524-1659), lorsque El Mansour Dahbi commença la construction d’une grande mosquée qui devait être appelée Jamaa Al Hanaa (mosquée de la quiétude). Ce projet fut interrompu quand la peste frappa le pays tuant jusqu’à son roi. La population locale renomma la mosquée de « Jamaa Al Hanaa » en « Jama el-Fna » (mosquée de l’anéantissement).

Située au cœur de la médina de Marrakech, au pied du minaret de la Koutoubia, la place Jamaâ el-Fna est un lieu en perpétuelle animation.

Place Jemaa el Fnaa à Marrakech. Toile de Mohammed Krich.
Place Jemaa el Fnaa à Marrakech. Toile de Mohammed Krich.
Muraille de Marrakech sur une ancienne carte postale du musée.
Muraille de Marrakech sur une ancienne carte postale du musée.

Contes et épopées de la place Jamaâ el-Fna

Dès sa première mention au 17e siècle, la place Jama el-Fna est un lieu de divertissement, une scène en plein air. Autour de l’artiste, se forme « une halqa » ou cercle de spectateurs venus apprécié une représentation prenant différentes formes : la morale, le conte, la musique, la danse ou le costume.

Cette tradition engendrait un savant mélange de comédie, de théâtre, de poésie, de chant et de danse, souvent puisant son inspiration dans les mythes et légendes des cultures amazigh et arabe. À certaines occasions, le public lui-même se joignait aux performances.

Les conteurs de la place Jamaâ el-Fna jouent le rôle de gardiens d’un précieux héritage d’histoires populaires et de légendes, s’inspirant des cultures arabes, indiennes, persanes et des contes des mille et une nuits.

Parmi ces récits, on peut citer Al Antariya, composé de trente-deux tomes et puisant ses racines dans une tradition orale remontant à la période pré-islamique, ainsi que Al Hillaliya et ses célèbres récits épiques de Al Azaliyya.

En 2003, l’UNESCO a reconnu la place Jemaa el-Fna comme un espace culturel et une forme d’expression artistique où l’art de la « Halqa » perdure.

Cette transmission se perpétue de génération en génération (même si cela s’éssoufle malheureusement) principalement par voie orale, souvent à travers des récits, des énigmes ou des fables qui visent à transmettre des leçons morales. Le conte traditionnel reste ainsi un moyen puissant de préserver et de transmettre la culture et les valeurs aux générations futures.

La place abrite une multitude de formes de théâtre populaire telles que le « Rma », le « Rehhala », le « Mejdoub », le « Baqsheesh », le « Lamsiyeh », ainsi que les spectacles mettant en scène les propriétaires de pigeons, de serpents, de singes et d’ânes, en plus des praticiens des arts divinatoires comme les astrologues, les magiciens et les chanteurs.

Chacune de ces formes possède sa propre esthétique, mais elles partagent toutes une base commune dans la mémoire collective.

Le spectacle des dompteurs d’animaux n’est pas le plus simple à apprécier. Bien qu’assez peu agréable à mes yeux, les serpents, singes, autres perroquets et faucons enthousiasment de génération en génération les petits et les grands.

Représentation de la halqa (ou cercle) sur la place Jemaa el Fnaa à Marrakech. Toile de Mohammed Krich.
Représentation de la halqa (ou cercle) autour d’un dresseur de singe sur la place Jemaa el Fnaa à Marrakech. Toile de Mohammed Krich (détails).
Photo d'une halqa (ou cercle) au début du 20e siècle.
Photo d’une halqa (ou cercle) avec un conteur au début du 20e siècle.

Pour en connaître l’évolution difficile de la halqa (article de Lemonde.fr) dans un contexte post COVID où le tourisme de masse déferle sur la place.

Personnages clés de Jamaa el Fna : Gnawa et porteurs d’eaux

Le lieu revient sur l’animation propre à la place, les artistes et porteurs d’eau.

Parmi les artistes de la place, les musiciens gnawas servent de caisse de résonance et font littéralement vrombir le sol et les murs dans une ambiance psychédélique et surnaturelle.

A l’origine d’anciens esclaves noirs convertis à l’Islam dès le 16e siècle, Ils sont les membres d’une confrérie mystique originaire d’Afrique subsaharienne, notamment du Mali, du Niger, de la Mauritanie, et du Sénégal. Leur musique est caractérisée par des rythmes hypnotiques et leurs chants spirituels renvoient à leur piété, le culte de leurs saints et leur ancienne condition d’esclaves.

Les porteurs d’eau ou gherrab sont reconnaissables à leur coiffe imposante, à leur habit rouge, leur chapeaux orné de pompoms et à leurs grelots sonores. Ils sont aujourd’hui des personnages d’apparat, témoin d’une tradition et d’un besoin disparu. Jusqu’au 20e siècle, il fallait porter l’eau des fontaines dans une gourde et proposer différentes tasses de cuivre pour désaltérer les assoiffés.

Guerrab ou porteur d'eau de la place Jemaa el Fnaa à Marrakech.
Guerrab ou porteur d’eau de la place Jemaa el Fnaa à Marrakech.
Dresseur de serpents sur la place Jamma el Fnaa - Photo de Bertrand.
Dresseur de serpents sur la place Jamma el Fnaa – Photo de Bertrand.

Collection d’art liée à la place et à la Médina : Majorelle et Saladi

Le musée est l’occasion de découvrir deux artistes illustres, parmi d’autres, associés à Marrakech. C’est la plus belle collection accessible de Majorelle et Saladi.

De gigantesques toiles de Jacques Majorelle, à qui l’on doit le célèbre Jardin Majorelle, sont le point d’orgue du musée. Imposantes, sublimes, foissonnantes de détails, elles sont parmi les plus belles oeuvres picturales occidentales que vous pourrez apprécier à Marrakech.

Toile de Majorelle décrivant la place jemaa el Fna avec la Koutoubia.
Toile de Majorelle décrivant la place jemaa el Fna avec la Koutoubia et les collines du nord de Marrakech.
Détails d'une autre oeuvre de Majorelle présente dans le musée.
Détails d’une autre oeuvre de Majorelle présente dans le musée.

Un des artistes modernes les plus surprenants du Maroc : Saladi. C’est sa plus belle collection d’oeuvres à Marrakech.

Il naît dans la ville rouge en 1950, près du sanctuaire de Sidi Bel Abbas où les aveugles vont prier pour découvrez la vue.

L’artiste est fortement lié à sa place légendaire.

C’est ici que les miniatures vendus pour raconter les récits de la création du monde et les histoires mouvementées des prophètes, ont contribué à façonner l’univers artistique de Saladi.

C’est aussi sur l’esplanade de la Koutoubia, à proximité des libraires (aujourd’hui disparus), que sa mère et sa soeur/frère vendirent ses premières oeuvres.

Artiste-peintre autodidacte, il a dû interrompre ses études de philosophie à l’université de Rabat en 1977, lors de l’apparition de ses épisodes psychotiques. C’est à ce moment-là que Saladi a trouvé refuge dans la peinture pour extérioriser ses tourments intérieurs.

Ces oeuvres représentent un monde unique, mystérieux et (parfois) inquiétant, puisant dans les mythologies égyptiennes, babyloniennes ou grecques avec des cyclopes philosophes, des serpents menaçants et des oiseaux secrets.

L’artiste psychotique finira ces jours dans un asile psychiatrique jusqu’à sa mort en 1992.

On trouve des dessins de l’artiste au Musée MACMA dans le quartier moderne du Guéliz.

Oeuvre de Saladi au Musée Jemaa el Fnaa de Marrakech.
Oeuvre de Saladi au Musée Jemaa el Fnaa de Marrakech.
Oeuvre de Saladi au Musée Jemaa el Fnaa de Marrakech.
Oeuvre de Saladi au Musée Jemaa el Fnaa de Marrakech.
Oeuvre de Saladi au Musée Jemaa el Fnaa de Marrakech.
Oeuvre de Saladi au Musée Jemaa el Fnaa de Marrakech.

D’autres artistes sont exposés dans le musée. Quasi aucune toile n’a de nom d’oeuvre ou de dates de création. Je ne sais pas si c’est un hasard ou si les informations étaient manquantes mais c’est assez dommage.

Une collection de photos permet de voyager dans le temps et de découvrir le plus grand salon de coiffure du monde.

Peinture de Mohammed Benallal dans le Musée Jamaa el Fnaa de Marrakech.
Peinture de Mohammed Benallal dans le Musée Jamaa el Fnaa de Marrakech.
Coiffeur de la place vers 1920/30 (?)
Coiffeur de la place vers 1920/30 (?)
Peinture de Hassan el Glaoui dans le Musée Jamaa el Fnaa de Marrakech.
Peinture de Hassan el Glaoui dans le Musée Jamaa el Fnaa de Marrakech.

Place Jamaâ el-Fna : un théâtre vivant pour le cinéma aussi

La dernière thématique abordée par le musée concerne la riche filmographie de Marrakech : Affiches de films et extraits rapellent la place du Maroc comme lieu de tournage depuis les années 1950/1960.

De nombreux réalisateurs marocains et étrangers sont venus tourner leurs films sur la place même ou dans les ruelles de la ville de Marrakech (ou même ailleurs au Maroc).

Des noms tels qu’Alfred Hitchcock, Tom Cruise, Nicole Kidman et bien d’autres ont été attirés par le charme et la diversité de cette place emblématique.

Affiches des films tournées à Marrakech et ses environs.
Affiches des films tournées à Marrakech et ses environs.

Informations pratiques sur le musée Jemaa el Fnaa

Le Musée Jamaa el Fna se trouve dans la Médina de Marrakech au sud de la célèbre place.

Adresse : Rue Ibn Marine, Place Jamaâ el-Fna, Marrakech

Horaires d’ouverture : Ouvert du lundi au dimanche, de 10h à 20h. Fermé mardi.

Prix d’entrée (en 2024) :

  • 10 DH pour les moins de 18ans et les étudiants, sur présentation d’une pièce justificative.
  • 20DH pour les adultes marocains et résidents au Maroc, sur présentation de leur carte de résidence.
  • 40DH pour les étrangers.

Avis : L’entrée peut paraître onéreuse (40 drh moins de 4 euros) ou pas selon votre curiosité et votre budget. C’est définitivement un lieu intéressant à visiter même s’il manque une dimension sonore (conte et musique) à l’exposition. Le multimédia pour le multimédia ne se justifie pas toujours dans un musée, mais dans le cas d’une place rhytmée nuit après nuit par les concerts et récits, c’est assez curieux et dommage que la dimension sonore soit abesente.

Site officiel : https://fnm.ma/musees-ouverts/jamaa-el-fna-musee-du-patrimoine-immateriel/

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Oeuvre de Saladi au Musée Jemaa el Fnaa de Marrakech.

Maciej

J'aime me perdre à la recherche d'endroits surprenants.

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