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Le Palais de l’Évêque Erazm Ciołek constitue l’un des musées à la fois les plus intéressant et les moins visités de Cracovie. Intégré au réseau du Musée National de la ville, il se distingue par la qualité exceptionnelle de ses collections d’art médiéval et d’art orthodoxe, le tout dans un élégant palais Renaissance.

Collection d'art orthodoxe au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Collection d’art orthodoxe au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.

Le Palais de l’Évêque Erazm Ciołek se situe dans la vieille ville de Cracovie sur l’une des plus belles artères historiques de la ville à proximité immédiate de la colline du Chateau de Wawel.

Bon à savoir : Le lieu accueille des concerts lors d’évènements comme la journée du patrimoine par exemple.

Mon avis :

Un de mes musées préférées à Cracovie. Des belles salles et d’intéressantes mises en scène avec des oeuvres expressives à la limite du spectaculaire. Si vous aimez l’art sacré, c’est une visite essentielle. La collection d’art orthodoxe est superbe, à la fois puissante, touchante et drôle parfois. C’est un voyage dans l’ancienne république de Pologne-Lituanie englobant alors les actuelles Ukraine et Biélorussie, avec des détours en Russie, Grèce et à Venise. L’art sacré exposé au palais, qu’il soit latin ou byzantin, rappelle une partie la diversité confessionnelle et culturelle de la région au cours des siècles. On pourra regretter l’absence de panneaux explicatifs donnant du contexte et des grilles de lectures notamment pour l’art orthodoxe. Un audioguide (assez bavard) est néanmoins accessible.

Pour compléter le tableau de la diversité religieuse, vous pourrez partir à la découverte d’anciennes synagogues de la région dans l’expo photo du Musée juif de Galicie.

Un palais Renaissance ancré dans l’histoire du quartier canonial

Construit au début du XVIᵉ siècle pour l’évêque Erazm Ciołek, diplomate éminent et figure de la cour de Sigismond le Vieux, le palais reflète l’ascension d’une élite ecclésiastique cultivée et ouverte aux influences humanistes venues d’Italie.

L’édifice fut conçu comme une résidence prestigieuse, ornée de décors sculptés, d’arcades élégantes et d’un plan articulé autour d’une cour intérieure. Cette organisation spatiale, caractéristique des demeures aristocratiques de la Renaissance, introduisit à Cracovie un modèle architectural jusque-là rare dans les constructions civiles locales.

Au fil des siècles, le palais changea plusieurs fois de fonction et connu de nombreuses dégradations pendant près de 200 ans avant d’être restauré en profondeur dans les années 1990. Il fût une résidence canoniale, un bâtiment administratif lors de l’occupation autrichienne vers 1790, puis un complexe partiellement délaissé.

L’intérieur associe salles voûtées médiévales et pièces Renaissance ornées de plafonds à caissons, témoignant des différentes phases de construction. Les traces de décors muraux d’époque, dont certains fragments originaux ont été mis au jour, illustrent la richesse iconographique commandée par Erazm Ciołek et ses successeurs.

L ’ensemble témoigne aujourd’hui de la sophistication artistique de la cour jagellonne et du rôle de Cracovie comme centre culturel majeur à l’aube de la Renaissance.

Palais Erazm Ciolek, musée d'art sacré à Cracovie - Photo de Cancre - Licence ccbysa 3.0, 2.5, 2.0, 1.0
Palais Erazm Ciolek, musée d’art sacré à Cracovie – Photo de Cancre – Licence ccbysa 3.0, 2.5, 2.0, 1.0
Concert dans la salle des portraits du musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Concert dans la salle des portraits du musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.

Collections : l’un des plus beaux ensembles d’art sacré en Pologne

Le palais accueille deux expositions permanentes majeures du Musée National de Cracovie, consacrées principalement à l’art sacré des XIVᵉ–XVIᵉ siècles (catholique et orthodoxe).

Elles se distinguent par la rareté des œuvres, leur état de conservation exceptionnel et la cohérence thématique d’un ensemble qui couvre à la fois la peinture, la sculpture et les arts décoratifs.

Sculptures gothiques au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Sculptures gothiques au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Portraits de nobles polonais (en sarmate) au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Portraits de nobles polonais (en sarmate) au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.

Art sacrée en Petite-Pologne

Cette exposition rassemble des œuvres issues d’églises, monastères et paroisses de la région du 12 au 18e siècle.

Le visiteur y découvre une série de retables gothiques, dont plusieurs pièces sont de véritables chefs-d’œuvre : sculptures polychromes, panneaux peints lumineux, motifs narratifs illustrant la vie des saints.

Passées de mode, elles furent progressivement remplacées dans les églises par des oeuvres baroques, toujours visibles aujourd’hui.

Les figures allongées, les expressions dramatiques et les couleurs intenses révèlent un style gothique tardif emprunt de spiritualité. L’ensemble permet de comprendre l’importance de Cracovie comme centre artistique majeur à la fin du Moyen Âge.

Vous y trouverez une sculpture sur pierre de Wit Stwosz, l’auteur du génial retable de la Basilique Sainte Marie de Cracovie. Une salle de la galerie est entièrement consacrée à l’œuvre du célèbre sculpteur Veit Stoss (son nom non polonisé) et aux œuvres qu’il a réalisées sous son influence.

La Renaissance est représentée à la fois par sa variante nordique (Hans Dürer, frère d’Albrecht) et par sa variante italienne (Giovanni Maria Padovano).

Peinture gothique de Jésus bébé avec une tête d'adulte au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Peinture gothique de Jésus bébé avec une tête d’adulte au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Peinture gothique au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Peinture gothique au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Episode de la Passion du christ au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Episode de la Passion du christ au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Sculpture de Wit Stwosz "Agonie dans le jardin" initialement dans le cimetière de la Basilique Sainte Marie à Cracovie.
Sculpture de Wit Stwosz « Agonie dans le jardin » initialement dans le cimetière de la Basilique Sainte Marie à Cracovie.
Jésus de pitié ou Jesus aux liens au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Jésus de pitié ou Jesus aux liens au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Sculpture gothique de Jésus (Krauszow, 1440) au Musée Ciolek à Cracovie.
Sculpture gothique de Jésus (Krauszow, 1440) au Musée Ciolek à Cracovie.

L’un des lieux les plus surprenants est une salle spectrale dédiée à la fascination pour la mort à l’époque baroque au 17/18e siècle : tableau épitaphe, porte cercueil et chasuble. Lumière tamisée et délicieux requiem en fond sonore.

Dans la salle dédiée à la mort à l'époque baroque au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Dans la salle dédiée à la mort à l’époque baroque au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Portrait-épitaphe (17e) au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Portrait-épitaphe (17e) au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Chasuble pour les cérémonies funéraires au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Chasuble pour les cérémonies funéraires au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Porte cercueil au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Porte cercueil au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.

L’exposition se termine par une importante collection de portraits de nobles, pour certains délicieusement ridicules : problème de perspective pour Sobieski à cheval ou suffisance des modèles à moustache.

Soit le roi Sobieski est grand, soit le cheval est petit, voire même le roi est très grand et le cheval très petit au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Soit le roi Sobieski est grand, soit le cheval est petit, soit encore le roi est très grand et le cheval très petit au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Portrait d'une noble ruthène au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Portrait d’une noble ruthène au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Portrait de Jan Wodzicki (17/18e) au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Portrait de Jan Wodzicki (17/18e) au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.

Art orthodoxe et les icônes anciennes

Le second parcours met en lumière un héritage artistique rare en Pologne : icônes, sculptures et objets liturgiques orthodoxes du XVe au XVIIIᵉ siècles.

Le cœur de la collection est constitué d’icônes. L’ensemble le plus ancien et et le plus rare est constitué d’icônes carpathiennes, ou ruthènes occidentales des XVe et XVIe siècles.

On trouve aussi des icônes des époques modernes (XVIIe et XVIIIe siècles), marquées par l’influence de l’art de la Renaissance et du baroque empruntés à l’art d’Europe occidentale.

Curiosité : Cet apport ou cette influence est liée au rapprochement de l’Église orthodoxe de Pologne-Lituanie avec le catholicisme romain en 1596 (accord de Brest). La nouvelle Église (longtemps appelé « uniate », aujourd’hui église grecque-catholique ukrainienne) se soumet au Vatican, adhère à l’essentiel des dogmes catholiques, mais conserve des particularités propres dont la liturgie byzantine slave (et non latine), le maintien de l’ordination d’hommes mariés à la prêtrise (conformément aux usages orthodoxes) et une organisation propre.

Icone de Sainte Paraskeva (Balkan, vers 1400) au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Icone de Sainte Paraskeva (Balkan, vers 1400) au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Icone de Lituanie (1500) au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Icone du Grand Duché de Lituanie (1500) au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Saint Georges luttant contre le dragon (Grèce, 18e) au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Saint Georges luttant contre le dragon (Grèce, 18e) au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Icone de Marie et Jésus (17e) au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Icone de Marie et Jésus (17e) au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.

L’exposition présente aussi des icônes d’origine balkanique et des œuvres d’art provenant du territoire de la Grèce actuelle ; certaines sont même originaires du mont Athos.

Le musée présente des panneaux peints dans la plus pure tradition byzantine, caractérisés par une stylisation profonde, des fonds dorés et une grande intensité spirituelle.

Parmi les pièces remarquables figure un fragment d’iconostase de Lipovec, dans la région de Kiev. L’iconostase est la cloison décorée d’images, d’icônes séparant la nef du sanctuaire. Sa structure finement sculptée, ornée d’îcones de Marie et de l’archange Gabriel, confère aux salles de la galerie l’atmosphère d’une authentique église orthodoxe.

Des objets liés à la liturgie orientale des XVIᵉ–XVIIIᵉ siècles complètent l’exposition.

Iconostase de la région de Kiev au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Iconostase de la région de Kiev au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Anges et démons luttant pour des âmes sur une toile d'art orthodoxe au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Anges et démons luttant pour des âmes sur une toile d’art orthodoxe au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.
Objets liturgiques au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.
Objets liturgiques au musée d’art sacré Ciolek à Cracovie.

Informations pratiques

Le Palais de l’Évêque Erazm Ciołek se situe dans la vieille ville de Cracovie à proximité immédiate de la colline du Chateau de Wawel.

Adresse : Ulica Kanonicza 17, Cracovie.
Horaires d’ouverture : Ouvert le mardi de 10h à 18h, du mercredi au dimanche de 10h à 17h. Fermé le lundi.
Prix de la visite (tarif en 2026) : 18 PLN à plein tarif ; réductions disponibles pour étudiants, seniors et familles.

Site officiel : https://mnk.pl/en/branch/mnk-the-ciolek


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Collection d'art orthodoxe au musée d'art sacré Ciolek à Cracovie.

Maciej

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