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Le musée Czartoryski comprend la plus vieille collection d’art de Pologne. Son chef d’oeuvre est la Dame à l’hermine de Leonard de Vinci. Le musée a rouvert en 2019 après une longue rénovation. C’est le musée le plus prestigieux de Cracovie mais c’est loin d’être le plus intéressant à visiter.

Détail d'un tableau de Francesco da Volterra au Musée Czartoryski à Cracovie.
Détail d’un tableau de
Francesco da Volterra au Musée Czartoryski à Cracovie.

Le musée Czartoryski se trouve dans la Vieille ville de Cracovie à deux pas du Barbacane et de la porte Saint Florian.

Le musée est considéré comme l’un des établissements les plus prestigieux de Pologne. Il expose le tableau le plus célèbre du pays : « La Dame à l’hermine » de Leonard de Vinci.

Aujourd’hui intégré au Musée national de Cracovie, le musée Czartoryski propose un parcours où se côtoient peintures, objets historiques, manuscrits rares et trésors d’art décoratif…

Mon avis :

C’est triste à dire mais le musée est assez décevant. Il y a des oeuvres intéressantes mais l’organisation est chaotique et la muséographie sans intérêt. Aucune mise en contexte. Aucune explication à moins de prendre un audioguide. Parfois une fiche explicative… uniquement en polonais. La signalétique est inexistante. Bref, ce n’est pas ce que l’on est en droit d’attendre d’un musée à Cracovie, surtout à 15 euros l’entrée. Bon point : A moins de tomber sur un groupe scolaire, vous aurez la « Dame à l’hermine » de Leonard de Vinci pour vous, lors de mon passage il y avait rarement plus de 3 à 4 personnes dans la pièce dédiée à l’oeuvre contre plusieurs centaines devant la Joconde au Louvre. Pour un musée récemment rénové, le musée Czartoryski est un échec. Préférez le Bâtiment principal du Musée National (Gmach glowny) si vous vous intéressez à l’art. Plus riche, mieux conçu, plus intéressant.

Histoire du musée Czartoryski

L’histoire du musée commence en 1796, lorsque la princesse Izabela Czartoryska fonde à Puławy (entre Cracovie et Varsovie) un premier cabinet d’art et de souvenirs historiques destiné à « sauver les reliques de la patrie ». Elle appartient à l’une des familles aristocratiques les plus puissantes et les plus riches d’alors.

Inspirée par les Lumières et les grands cabinets européens, elle entend constituer un sanctuaire de la culture polonaise menacée par les partitions successives du pays.

Après les répressions politiques du XIXᵉ siècle, une partie importante de la collection est transférée à Paris (Hotel Lambert sur l’île de la Cité), avant d’être installée définitivement à Cracovie en 1878, sous l’impulsion de son petit-fils, le prince Władysław Czartoryski.

Le musée devient alors un centre majeur de la vie culturelle polonaise.

Portrait de Zofia Czartoryska par Augustin Vafflard au Musée Czartoryski à Cracovie.
Portrait de Zofia Czartoryska par Augustin Vafflard au Musée Czartoryski à Cracovie.
"Concert dans le jardin", peinture de Norblin au Musée Czartoryski à Cracovie.
« Concert dans le jardin », peinture de Norblin au Musée Czartoryski à Cracovie.

En 1901, un bâtiment spécialement conçu pour abriter les collections ouvre ses portes à proximité des remparts médiévaux de la vieille ville.

Les guerres mondiales entraînent toutefois des dispersions temporaires, notamment des évacuations lors de la Seconde Guerre mondiale. Les Nazis ont naturellement pillé la collection dont la majeure partie a été retrouvée en Allemagne après 1945. Des pièces d’exception comme « Le jeune homme » de Raphael ont disparu. Elles doivent peut-être orner les intérieurs d’anciens dignitaires hitlériens rescapés en Amérique du sud ou ailleurs.

Après 1945, l’État polonais nationalise l’institution, qui est intégrée au Musée national de Cracovie. En 2010, le musée ferme pour rénovation. En 2026, la Fondation Czartoryski cède l’ensemble des collections à l’État polonais. Le musée se refait une beauté pendant 9 ans (!) et rouvre en 2019.

Collections du musée Czartoryski de Cracovie

Le musée Czartoryski rassemble plusieurs milliers d’œuvres couvrant un large éventail chronologique, de l’Antiquité au XIXᵉ siècle. L’ensemble constitue une rare synthèse de collections encyclopédiques au sein d’un musée polonais, mettant en lumière la curiosité intellectuelle et les ambitions culturelles de la famille fondatrice.

La collection du musée est présentée à travers 21 salles dans le bâtiment principal.

La collection de peinture européenne est la plus remarquable, dont les pièces majeures illustrent l’évolution des écoles italienne, flamande, néerlandaise et espagnole. On y retrouve des œuvres d’artistes tels que Rembrandt, Dürer, Cranach ou Matejko.

Tableau religieux au Musée Czartoryski à Cracovie.
Tableau religieux au Musée Czartoryski à Cracovie.
Salle de peinture européenne au Musée Czartoryski à Cracovie.
Salle de peinture européenne au Musée Czartoryski à Cracovie.
Tableau "Ecce Homo" au Musée Czartoryski à Cracovie.
Tableau « Ecce Homo » au Musée Czartoryski à Cracovie.
Salle au Musée Czartoryski à Cracovie.
Salle au Musée Czartoryski à Cracovie.
Toile de Vincenzo Catena au Musée Czartoryski à Cracovie.
Toile de Vincenzo Catena au Musée Czartoryski à Cracovie.
Art orthodoxe au Musée Czartoryski à Cracovie.
Art orthodoxe au Musée Czartoryski à Cracovie.

Le musée abrite en outre une section dédiée à l’antiquité avec une multitudes d’objets issues des civilisations égyptiennes, grecques, étrusques, romaines… comprenant momies, sarcophages et sculptures.

Dans la collection des antiquités au Musée Czartoryski à Cracovie.
Dans la collection des antiquités au Musée Czartoryski à Cracovie.
Sarcophage égyptien au Musée Czartoryski à Cracovie.
Sarcophage égyptien au Musée Czartoryski à Cracovie.
Dans la collection des antiquités au Musée Czartoryski à Cracovie.
Dans la collection des antiquités au Musée Czartoryski à Cracovie.

L’institution conserve également des manuscrits précieux, des armes, des objets liturgiques, des médailles et une importante collection d’art appliqué, témoignant de la diversité du goût aristocratique des Czartoryski.

Croix émaillé de Limoges (XIIe siècle) au Musée Czartoryski à Cracovie.
Croix émaillé de Limoges (XIIe siècle) au Musée Czartoryski à Cracovie.

Les salles s’enchainent sans parti pris, thématique ou chronologique, sans message particulier avec un même mélange constant de peintures, d’armes et d’objets décoratifs. Il y a trop d’objets, de nature trop différente et sur de trop nombreux thèmes.

Il aurait été plus intéressant de dispatcher les collections mineures dans d’autres espaces spécialisés du Musée National de Cracovie : Extreme-orient, art sacré, arts décoratifs et antiquité en partie…

Cela aurait permis de se focaliser sur quelques aspects redondants du musée mais non matérialisés : La noblesse et l’aristocratie comme acteurs politiques et économiques dans l’histoire polonaise, le Sarmatisme (définition plus bas) et la fascination pour l’Orient aux travers de l’Empire Ottoman et de la Perse, à laquelle on pourrait aussi ajouter la place importante prise dans l’imaginaire par la guerre et la mort. Ou quelques chose du genre.

Définition du sarmatisme : Le sarmatisme est une idéologie culturelle et politique propre à la noblesse de la République des Deux Nations (Pologne-Lituanie) entre le XVIᵉ et le XVIIIᵉ siècle. Les nobles (szlachta) se considéraient comme les descendants des Sarmates (Scythes iraniens), peuple guerrier de steppes à l’Antiquité. Ils associaient cette origine à un idéal de liberté, d’égalité entre nobles et de défense de la patrie. Le sarmatisme valorisait le catholicisme, les traditions orientalisantes, le mode de vie rural, l’amour des chevaux et le refus de l’absolutisme. S’il a nourri une identité originale et une riche culture artistique, il a aussi favorisé le conservatisme, l’immobilisme politique et la disparition de l’état à la fin du 18e siècle… Voilà qui aurait été intéressant à traiter.

Figurines de nobles polonais en costume sarmate au Musée Czartoryski à Cracovie.
Figurines de nobles polonais en costume sarmate au Musée Czartoryski à Cracovie.
Expositions d'armes au Musée Czartoryski à Cracovie.
Expositions d’armes au Musée Czartoryski à Cracovie.
Portrait épitaphe (funéraire) au Musée Czartoryski à Cracovie.
Portrait épitaphe (funéraire) au Musée Czartoryski à Cracovie.
Armure hussard au Musée Czartoryski à Cracovie.
Armure de la cavalerie lourde « hussarde » avec les plumes d’apparat au Musée Czartoryski à Cracovie.
Bouclier ottoman au Musée Czartoryski à Cracovie.
Bouclier ottoman au Musée Czartoryski à Cracovie.
Tente ottomane au Musée Czartoryski à Cracovie.
Tente ottomane au Musée Czartoryski à Cracovie.
Portrait épitaphe (funéraire) au Musée Czartoryski à Cracovie.
Portrait épitaphe (funéraire) au Musée Czartoryski à Cracovie.
Céramique ottomane au Musée Czartoryski à Cracovie.
Céramique ottomane au Musée Czartoryski à Cracovie.
Expositions d'armes au Musée Czartoryski à Cracovie.
Expositions d’armes au Musée Czartoryski à Cracovie.
Portrait de Batory, prince de Transylvanie devenu roi de Pologne au Musée Czartoryski à Cracovie.
Portrait de Batory, prince de Transylvanie devenu roi de Pologne au Musée Czartoryski à Cracovie.

A la place vous pourrez observer un tableau ici, une selle décorée là, une horloge ou une épée posée sur un tapis. On n’est pas loin du vide grenier chic.

Œuvres incontournables : La dame à l’hermine de Da Vinci et une oeuvre de Rembrandt

La notoriété internationale du musée Czartoryski repose en particulier sur une œuvre devenue emblématique :

La Dame à l’hermine de Léonard de Vinci. Unique tableau de l’artiste conservé en Pologne, ce portrait d’une finesse exceptionnelle représente Cecilia Gallerani, maîtresse de Ludovic Sforza, et illustre le talent de Léonard pour capter l’expressivité psychologique de ses modèles. L’œuvre constitue le point culminant de la visite et attire chaque année des milliers d’admirateurs.

Leonard de Vinci est l’homme universel, touche à tout de la Renaissance : Ingénieur, hydrologue, anatomiste, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, poète, philosophe, écrivain et biensûr peintre. Curieux et génial, mais incapable de finaliser la plupart des projets qu’il entame.

Il existe aujourd’hui 13 tableaux certifiés du maître : Des scènes bibliques, la célèbre Cène par exemple, des madones représentant la Vierge et Jésus et des portraits de femmes : Ginevra de’ Benci, la Dame à l’hermine, la Belle Ferronnière et la plus connue, la Joconde.

Parmi les rares peintures attribuées avec certitude à Léonard de Vinci, La Dame à l’hermine occupe une place singulière dans l’histoire de l’art occidental. Ce portrait emblématique de la Renaissance italienne se distingue à la fois par sa maîtrise technique, sa profondeur psychologique et la richesse symbolique de sa composition.

La Dame à l’hermine a été peinte en 1488. Le tableau a été peint à Milan, à une époque où Léonard de Vinci travaillait à la cour de Ludovic Sforza, dit Il Moro, duc de Milan.

Le modèle est généralement identifié comme Cecilia Gallerani, jeune femme cultivée et poétesse, maîtresse du duc. Cette identification, aujourd’hui largement admise, repose sur des sources historiques, des témoignages contemporains et sur l’analyse iconographique de l’œuvre.

Cecilia Gallerani appartenait à l’élite intellectuelle milanaise. Son portrait ne relève donc pas uniquement d’un exercice esthétique, mais participe d’une stratégie de représentation sociale et politique, destinée à souligner la faveur dont elle jouissait auprès du pouvoir ducal.

Le portrait représente une femme vu de 3/4, le regard tournée vers la droite. Elle porte une hermine, symbole de pureté et représentation du duc. La finesse du trait donne à la femme une profondeur psychologique rare pour l’époque. Pour certain critique, cette toile a fait rentrer la peinture dans l’époque moderne.

La figure est vêtue avec une élégance sobre : robe sombre, manches raffinées, coiffure élaborée conforme à la mode milanaise de la fin du XVe siècle. La lumière, douce et contrôlée, modèle délicatement les volumes du visage et des mains, mettant en valeur la carnation et la texture des tissus.

Dans ses bras, la jeune femme tient une hermine, animal rendu avec une précision naturaliste remarquable. L’arrière-plan sombre, volontairement neutre, isole le sujet et renforce l’intensité psychologique du portrait.

La présence de l’hermine confère au tableau une forte dimension symbolique. Dans la culture médiévale et humaniste, cet animal était associé à la pureté, à la tempérance et à la noblesse morale, car on croyait qu’il préférait mourir plutôt que de salir son pelage.

L’hermine fait également référence à Ludovic Sforza lui-même, qui appartenait à l’Ordre de l’Hermine. Elle peut ainsi être interprétée comme un signe discret du lien entre Cecilia Gallerani et le duc. Enfin, un jeu de mots savant relie le nom grec de l’hermine (galé) au patronyme de la jeune femme, renforçant encore l’intention allégorique de l’œuvre.

La Dame à l’hermine illustre pleinement les innovations introduites par Léonard de Vinci dans l’art du portrait. Le peintre dépasse la simple représentation physique pour suggérer une présence psychologique, perceptible dans la subtilité du regard, la tension contenue du corps et la relation silencieuse entre la femme et l’animal.

La technique du sfumato, caractéristique de Léonard, est utilisée avec une grande finesse : les contours sont adoucis, les transitions de lumière progressives, créant une impression de profondeur et de naturel. L’attention portée à l’anatomie, à la gestuelle et à l’expression témoigne d’une observation aiguë du vivant, au cœur de la démarche scientifique et artistique de l’artiste.

Après avoir quitté l’Italie, le tableau entra au début du XIXe siècle dans la collection de la famille Czartoryski, en Pologne. Il connut une histoire mouvementée, marquée par les spoliations et les déplacements durant les conflits du XXe siècle, notamment la Seconde Guerre mondiale. Malgré ces épreuves, l’œuvre a été préservée et restaurée avec soin.

Dame à L'hermine de Leonard de Vinci au musée Czartoryski à Cracovie
> Dame à L’hermine de Leonard de Vinci au musée Czartoryski à Cracovie

Autre pièce majeure, Le Paysage avec le bon Samaritain de Rembrandt offre un exemple magistral de la maîtrise du clair-obscur par le peintre néerlandais.

La collection comporte également des chefs-d’œuvre de l’école allemande et flamande, notamment Les Trois Grâces de Lucas Cranach l’Ancien, ainsi qu’un ensemble d’icônes orthodoxes d’une grande valeur historique.

Prix, horaires, billets (réservation) et site officiel du musée Czartoryski

Le musée Czartoryski se trouve dans la Vieille ville de Cracovie à deux pas du Barbacane et de la porte Saint Florian.

Adresse : Pijarska 15, 31-015 Kraków, Pologne
Horaires d’ouverture : Du mardi au vendredi de 10h à 18h. Fermé le lundi.
Prix de la visite (tarifs en 2026) : 65 PLN à plein tarif. Des tarifs réduits s’appliquent aux séniors et aux familles. Le billet est à 1 PLN pour les moins de 26 ans.

Site Officiel : https://mnk.pl/oddzial/mnk-muzeum-czartoryskich

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Maciej

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