Józefa Kogut fait partie des artistes d’art populaire majeurs du 20e siècle. Son œuvre, à la fois profondément enracinée dans l’imaginaire polonais et ouverte à des techniques créatives « exotiques » (le batik javanais) a donné naissance à des oeuvres sublimes, originales, colorées et un brin psychédélique. A découvrir dans une exposition temporaire au musée ethnographique de Cracovie.

En 2025, l’institution inaugure le « Rok Józefy Kogut », l’Année Józefa Kogut, sous le mot d’ordre Wyobraźnia znaczy wolność – « L’imaginaire signifie la liberté ». Une manière de célébrer une artiste dont la vie, marquée par les épreuves, a constamment affirmé la force créatrice, l’indépendance et la dignité.
Une retrospective temporaire de ses oeuvres est organisée jusqu’au 30 août 2026 au Musée Ethnographique de Cracovie dans le quartier de Kazimierz.
Mon avis : L’exposition occupe quelques salles du bâtiment réservé aux expositions temporaires du musée d’ethnographie. Ce n’est pas immense mais c’est assez sublime : Dans le fond et la forme. L’histoire de l’école de « batik » de Cracovie est étonnante et peu connue, même des employées du musée. Le talent de Jozefa Kogut est stupéfiant. Certains motifs sont parfois naïfs, parfois psychédéliques annonçant l’art hippie à venir 40 ans plus tard. Les objets sont nombreux et divers : mouchoirs, nappes, boite à chocolat, jouets… Bref, une belle surprise qui rappelle la richesse de l’art populaire, ses inspirations parfois lointaines et son apport gigantesque à la culture polonaise.
Renouveau du design polonais
Au printemps 1913, le Musée de l’Industrie de Cracovie devient le théâtre d’une initiative pionnière dans le domaine des arts décoratifs : la création des Warsztaty Krakowskie, un atelier et mouvement artistique destiné à renouveler le langage du design polonais.
L’objectif est clair : libérer la création de la contrainte académique et donner une place aux talents jusque-là invisibles.
C’est dans ce contexte qu’Antoni Buszek fonde une expérimentation inédite, une petite « école » de batik, inspirée par les techniques orientales de teinture à la cire.
Dès le départ, Buszek met en pratique une conviction forte : le talent n’a pas besoin d’être façonné par des institutions, mais stimulé par un environnement propice. Six adolescentes sont choisies pour intégrer l’atelier, bientôt surnommées par la presse d’entre-deux-guerres les « artistes du peuple ». Parmi elles, trois sœurs : Maria, Zofia et surtout Józefa Kogut, âgée de seulement onze ans, qui deviendra la figure la plus marquante de ce groupe.


Batik from scratch
Les débuts sont modestes. Les jeunes artistes s’exercent d’abord au dessin, traçant pendant plusieurs jours des formes imposées avec des crayons remplis de cire.
Józefa se souviendra des années plus tard combien ces exercices, proches de l’innocence du dessin scolaire, leur ont permis de libérer leur imaginaire. Sous l’impulsion de Buszek, elles commencent à créer des motifs totalement nouveaux, sans modèles copiés, sans contraintes formelles : oiseaux, plantes, animaux, arabesques, tout semble jaillir naturellement de leurs mains.
Après une semaine, elles passent du papier à la soie. D’abord de petites pièces – mouchoirs, rubans –, puis des châles, des tentures, parfois de grandes compositions textiles.
La technique du batik requiert une maîtrise lente et exigeante : application successive des couleurs issues de teintures végétales, fixations à l’alun, repassage au travers de feuilles de papier, puis lavage délicat à l’essence.
Józefa, particulièrement appliquée, se distingue rapidement. Son style personnel, son sens du détail et sa discipline impressionnent les observateurs.
Ses textiles, mais aussi les objets décoratifs en bois peints par ses soins – bols, assiettes, boîtes – rencontrent un vrai succès commercial.




1925, Exposition internationale des arts décoratifs et industriels
L’apogée de cette première période survient en 1925 lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes à Paris. Les sœurs Kogut y remportent un prix prestigieux : une médaille et un Grand Prix, reconnaissance internationale d’un talent jusque-là confiné à Cracovie.
Carrière solo : entre guerre, succès commercial et accidents de la vie
Lorsque les Warsztaty Krakowskie cessent leurs activités en 1926, Józefa poursuit son chemin dans les arts appliqués.
La Seconde Guerre mondiale interrompt brutalement sa carrière : elle est contrainte à des travaux physiques, creuse des tranchées, épluche des pommes de terre pour survivre. Malgré ces conditions, l’art reste un horizon, un repère auquel elle reviendra dès que possible.
En 1955, elle intègre l’Union des artistes plasticiens polonais (ZPAP). Et dès le début des années 1950, elle collabore régulièrement avec Cepelia, la grande institution de l’artisanat polonais d’après-guerre. Ses œuvres sont produites pour l’exportation et les commandes affluent.
Toutefois, à partir de 1961, un accident – une fracture du bras – entraîne des complications durables qui l’empêchent de respecter les délais. En 1968, ses problèmes de vision s’aggravent, mettant un terme définitif à son activité artistique rentable. Sa fin de vie sera marquée par une situation financière précaire.
Jozefa meurt en 1979. Ce qu’il subsiste de son œuvre est légué par sa soeur Zofia au Musée ethnographique de Cracovie.




Informations pratiques sur le musée ethnographique de Cracovie
Le musée ethnographique de Cracovie se trouve dans l’ancien quartier juif de Cracovie à Kazimierz.
Adresse : Krakowska 46 (pour les expos temporaires).
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le lundi.
Prix de l’entrée (tarif de la visite en 2026) : 20 zl à plein tarif, 15 zl à tarif réduit. Entrée gratuite les mardis pour l’expo permanente, tarif réduit pour l’expo temporaire.
Site Internet : https://etnomuzeum.eu
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