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La Villa Harris est le plus beau musée d’art de Tanger. Installé dans l’ancienne demeure d’un journaliste britannique, le lieu est superbe et son jardin, l’un des plus agréables de la ville.

Villa Harris à Tanger : Musée d'art moderne de Tanger - Photo de Stelmaris - Licence ccby40
Villa Harris à Tanger : Musée d’art moderne de Tanger – Photo de Stelmaris – Licence ccby40

La Villa Harris se situe sur l’avenue Mohammed VI, dans le quartier de Malabata, face au prestigieux Palais des arts et de la culture et au Casino de Tanger et à moins de 100 mètres de la mer. 

Ce musée d’art est organisé chronologiquement avec d’abord des peintres orientalistes représentant le Maroc au 19e et au début du 20e siècle puis la naissance de la peinture moderne marocaine moderne et contemporaine. 

Mon avis : La Villa est superbe et mérite à elle seule une visite. Idem pour son jardin superbe, bien entretenu (assez rare pour être signalé) et planté de nombreuses essences exotiques (ficus macrophyllia, arbre à pied d’éléphant, bananier). La collection d’art est l’une des plus intéressantes du Maroc, c’est sans conteste la plus belle galerie d’art de Tanger et tous les plus grands noms de la peinture marocaine sont de la partie. L’entrée coûte 20 dhr soit moins de 2 euros. Bref, une visite incontournable de la ville.

Walter Burton Harris

Walter Burton Harris (1866–1933) était un journaliste, écrivain, voyageur et homme mondain britannique, surtout reconnu pour ses reportages au Maroc, où il s’établit dès l’âge de 19 ans et dirigea le correspondant spécial du journal The Times.

Issu d’une famille aisée de Londres, Harris fit ses études à Harrow puis à Cambridge, avant d’entreprendre de nombreux voyages dès l’adolescence. Il parlait couramment le français, l’espagnol et l’arabe marocain, et avait des traits lui permettant parfois de se faire passer pour un Marocain de souche — stratégie qui lui permit d’explorer des régions souvent interdites aux Occidentaux.

Durant ses expéditions, il se lia d’amitié avec des figures influentes comme le chef de la région du Rif, Raisuni, dont il fut même brièvement prisonnier avant d’être libéré par un échange. Raisuni enlèvera quelques années plus tard Perdicaris provoquant un incident diplomatique important entre les Etats-Unis et le Maroc. Harris entretint également des relations étroites avec plusieurs sultans marocains.

Dans ses chroniques et livres, il observa les tensions politiques du Maroc face aux pressions européennes, notamment l’expansion française. Ses ouvrages de voyage, tels que Morocco That Was ou The Land of the African Sultan, témoignent de son esprit aventurier et de sa fascination pour le monde arabo-musulman.

Harris fit construire la Villa Harris. Elle devint plus tard un casino lorsqu’il dut la vendre pour éponger ces dettes de jeux…

Il mourut à Malte lors d’une traversée en direction du Proche-Orient. Il est enterré au cimetière anglais de l’église de Saint Andrew à Tanger.

Villa hispano-mauresque et jardin exotique

Le style architecturale de la Villa est un mélange hispano-mauresque adapté à un contexte méditerranéen : toitures modestes, façades claires, arcs, patios et décoration intérieure mêlant influences orientales et européennes. 

À l’origine, ce n’était pas une construction à vocation muséale, mais une résidence privée, lieu de réception et de relations diplomatiques. 

Le jardin de la Villa Harris est l’un des plus beaux, des plus grands et des mieux entretenus de Tanger.

Les jeunes s’y réunissent, garçons et filles pour faire des jeux de ballons et flirter. Les familles profitent de l’herbe pour pique-niquer avec l’option table de camping. Une belle promenade à l’ombre des arbres et la possibilité pour les plus téméraires d’escalader les branches du ficus macrophillia monstrueux.

Collection du musée de la Villa Harris

L’exposition est composée d’une collection permanente articulée autour d’un parcours chronologique et thématique, réparti en quatre grandes périodes. 

Ces sections couvrent :

  • les artistes voyageurs et évoque la fascination des peintres occidentaux — de Delacroix à Majorelle ou Claudio Bravo — pour la lumière et les paysages marocains.
  • les premiers artistes marocains. Cette secion met en avant les artistes marocains en contact avec l’Europe, tels que Mohammed Ben Ali R’bati, Mohamed Ben Allal ou Ahmed Yacoubi, ainsi que la naissance de l’École des Beaux-Arts de Tétouan, fondée par Mariano Bertuchi.
  • les mouvements modernes du milieu du XXᵉ siècle. Marqués par l’après-Indépendance, ils célèbrent l’émergence d’un langage plastique moderne, avec des figures majeures comme Jilali Gharbaoui, Ahmed Cherkaoui et le Groupe de Casablanca (Melehi, Belkahia, Chebâa).
  • les expressions contemporaines. Cette partie de l’exposition est caractérisée par la liberté créative, la diversité des supports et une ouverture sur les enjeux universels de la création.

L’exposition revient sur le périple de Delacroix en Afrique du Nord avec son passage à Tanger, Séville, Cadix, Oran et Alger.

Parmi les artistes représentés, on trouve des figures européennes telles que Jacques Majorelle avec un paysage de village berbère, Claudio Bravo, Edy Legrand, Frank Tapiro et un portrait très digne de femme, ainsi que des peintres marocains comme Ben Ali R’bati considéré comme le précurseur de la peinture moderne, Mohamed Hamri, Jilali Gharbaoui, Mohamed Saladi peintre psychédélique de la place Jemaa el Fna, Farid Belkahia associé aussi à Marrakech ou Ahmed Yacoubi.

Le fonds artistique fut donné à la Fondation nationale des musées par le mécène El Khalil Belguench.

Le visiteur progresse du réalisme orientaliste vers les approches plus abstraites ou conceptuelles des artistes contemporains. L’itinéraire est conçu pour comprendre visuellement et historiquement l’évolution de la peinture au Maroc.

Les amateurs de peinture orientaliste iront au musée Dar Niaba où la collection est plus riche et la galerie de portraits assez exceptionnel.

Biographies d’artistes exposés

Enrique Simonet Lombardo (1863-1927)

Né à Valence, Enrique Simonet Lombardo se forme à Málaga, puis à Rome, où il perfectionne son art auprès des maîtres de la Renaissance. Son œuvre, marquée par un réalisme expressif et des thèmes parfois sombres, comme dans L’Autopsie(1890), révèle une grande maîtrise technique.

Ses voyages en Europe et au Maroc nourrissent son inspiration : correspondant pour « La Ilustración Española y Americana« , il peint Tanger avec un regard documentaire et ethnographique. « Le Marché de Tanger » en est un exemple remarquable, vibrant de couleurs et de vie.

Artiste engagé, enseignant à Barcelone, Simonet laisse une œuvre variée — portraits, paysages, scènes de genre et allégories — exposée aujourd’hui dans de nombreux musées en Espagne et à l’étranger.

Meriem Meziane (1930-)

Née à Melilla et formée à Larache, Meriem Meziane débute en autodidacte avant d’exposer pour la première fois à Málaga en 1953, devenant ainsi l’une des premières femmes marocaines à présenter son travail en public.

Diplômée en 1959 de l’École des Beaux-Arts San Fernando de Madrid, elle développe un univers pictural vibrant, célébrant les paysages et architectures du sud marocain — Dades, Ziz, Aït Benhaddou — dans des tons chauds et lumineux.

Ses toiles accordent une place centrale à la femme nord-africaine, parée de bijoux et de costumes traditionnels, symbole d’identité et d’élégance. Meziane s’est également distinguée par ses autoportraits et nus artistiques, affirmant une émancipation féminine audacieuse dans le Maroc des années 1950.

Farid Belkahia (1934-2014)

Né à Marrakech, Farid Belkahia étudie aux Beaux-Arts de Paris (1955-1959), puis à l’Institut du théâtre de Prague et à l’Académie Brera de Milan, où il approfondit sa réflexion sur la scénographie et la matière.

Directeur de l’École des Beaux-Arts de Casablanca (1962-1974), il s’entoure de Melehi, Chebâa, Hamidi et Hafid, donnant naissance à l’avant-garde marocaine du Groupe de Casablanca.

Après une période expressionniste, Belkahia adopte une démarche expérimentale et matiériste, intégrant cuivre, bois et peaux teintes à ses œuvres. Il utilise des pigments naturels — henné, garance, écorce d’oranger, cobalt — et fait du dessin le socle de son langage plastique.

Sa recherche unit modernité et tradition, réinterprétant les symboles artisanaux et spirituels marocains dans une esthétique contemporaine. Pour lui, « toute modernité passe par la tradition », principe fondateur d’une œuvre à la fois identitaire, universelle et profondément innovante.

Le Musée Farid Belkahia se trouve dans la Palmeraie de Marrakech.

Mohammed Melehi (1936-2020)

Né à Assilah, Mohammed Melehi étudie aux Beaux-Arts de Tétouan, puis poursuit sa formation à Paris, Séville, Madrid, en Italie et aux États-Unis, où il découvre le Hard-edge et l’abstraction géométrique.

Figure majeure de l’art moderne marocain, il conjugue création et engagement pédagogique, enseignant à l’École des Beaux-Arts de Casablanca (1964-1969) et fondant la revue Intégral en 1971.

Son œuvre rompt avec les modèles coloniaux pour affirmer une identité visuelle marocaine moderne. Membre du Groupe de Casablanca, il participe à l’exposition manifeste de 1969 et cofonde le Festival culturel d’Assilah en 1978.

L’abstraction de Melehi, dominée par la forme ondulatoire, explore les forces cosmiques et les éléments naturels — eau, feu, air, terre — à travers un langage chromatique vibrant et symbolique, véritable célébration de la lumière et de la vie. Ses œuvres, exposées à l’IMA, au MoMA et au Centre Pompidou, demeurent emblématiques du renouveau artistique post-indépendance au Maroc.

Famille / enfants : le musée est-il adapté ?

Villa Harris est un lieu qui peut être visité en famille avec des enfants, bien que certains contenus soient mieux appréciés à un âge mûr. 

À l’intérieur, le musée offre un parcours intelligible, sans surcharge visuelle, ce qui est un avantage pour les plus jeunes. Cependant, le contenu (l’histoire de l’art, les techniques picturales, les références culturelles) peut nécessiter des explications adaptées ou une visite guidée pour être pleinement intelligible. 

Le parc de la villa permet aux enfants de se promener librement entre les arbres et les jardins, ce qui rend l’expérience extérieure agréable. Certains espaces extérieurs comportent des installations de jeux pour les enfants ou des zones de détente (bancs et grandes pelouses où se reposer).

Préparation à la visite / informations pratiques

La Villa Harris se situe sur l’avenue Mohammed VI, dans le quartier de Malabata, face à la prestigieuse salle de spectacle X, au Casino et à moins de 100 mètres de la mer. 

Adresse : Blvd. Mohamed VI, Tanger, Maroc

Horaires d’ouverture : de 10h à 18h, tous les jours sauf le mardi.

Accès / transport en commun : situé sur l’avenue Mohammed VI, la villa est accessible en taxi depuis le centre-ville (comptez environ 15 drh depuis le Grand Socco) ou via les transports publics circulant vers Malabata.

Prix des billets / tarif (en 2025) : l’entrée adulte est de 20 dirhams. Certains tarifs réduits ou gratuités (étudiants, enfants ou jours spéciaux) peuvent s’appliquer. 

Site officiel : https://fnm.ma/musees-ouverts/villa-harris-musee-de-tanger/

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Maciej

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