Extrait du carnet de Delacroix décrivant la noce juive à Tanger lors de son séjour de la ville en 1832.

Delacroix, peintre romantique voyageur
Eugène Delacroix (1798–1863) occupe une place centrale dans l’histoire de la peinture en tant que chef de file du romantisme français. En opposition au classicisme rigide de David, Delacroix revendique une peinture libérée du dessin strict, mettant l’accent sur la couleur, l’émotion et le mouvement. Son œuvre, à la croisée des traditions anciennes et des aspirations modernes, ouvre la voie aux innovations des impressionnistes, puis des symbolistes, par son usage expressif de la lumière et de la matière.
En janvier 1832, Eugène Delacroix (1798–1863) accompagne le comte de Mornay en Afrique du Nord dans le cadre d’une mission diplomatique auprès du sultan du Maroc. Deux ans après le début de la conquête de l’Algérie, la délégation française vise à apaiser les tensions persistantes à la frontière entre les forces françaises et marocaines.
Ce voyage de sept mois à travers le Maghreb permet à Delacroix de s’immerger dans la vie locale, tant à l’extérieur que dans l’intimité des foyers. Il est notamment invité, le 21 février 1832, à assister à une noce juive, expérience qui nourrira profondément son imaginaire artistique.
Maroc comme révélateur et tournant majeur
Son voyage au Maroc en 1832 constitue un tournant majeur dans son parcours artistique. Profondément impressionné par la richesse visuelle et humaine du Maghreb, il y découvre une société qui lui apparaît comme un écho vivant de l’Antiquité. Cette expérience stimule sa quête d’authenticité et d’intensité picturale. Il observe les scènes de rue, les marchés, les costumes, les chevaux, les attitudes hiératiques ou effervescentes d’un monde alors peu représenté avec justesse en Europe. Le Maroc devient ainsi une source inépuisable de motifs et d’inspiration.
Ce séjour transforme sa manière de peindre : Delacroix accentue les contrastes chromatiques, les effets de lumière naturelle, et compose avec davantage de liberté. Il accumule croquis, aquarelles et notes qui nourriront son œuvre pendant des décennies. Des tableaux emblématiques comme Femmes d’Alger dans leur appartement (1834) ou Fantasia arabe témoignent de cette mutation : le Maroc n’est pas une simple curiosité exotique pour Delacroix, mais un révélateur artistique.
Delacroix est le premier d’une longue série de peintres auxquels on associera Tanger : Matisse, Tapiro, Mariano Fortuny, Mohammed Ben Ali Rbati, Charles Camoin, Raoul Dufy, Albert Marquet, John Lavery, James Wilson Morrice…
Notes de Delacroix
« Les Maures et les Juifs à l’entrée. Les deux musiciens.
Le violon, le pouce en l’air, le dessous de l’autre main très ombré, clair derrière, le haïjck sur la tête, transparent par endroits; manches blanches, l’ombre au fond.
Le violon; assis sur ses talons et la gélabia. Noir, entre les deux en bas. Le fourreau de la guitare sur le genou du joueur; très foncé vers la ceinture, gilet rouge, agréments bruns, bleu derrière le cou. Ombre portée du bras gauche qui vient en face, sur le haïjck sur le genou.
Manches de chemises retroussées de manière à laisser voir jusqu’au biceps; boiserie verte à côté; verrue sur le cou, nez court.
À côté du violon, femme juive jolie; gilet, manches, or et amarante. Elle se détache moitié sur la porte, moitié sur le mur. Plus sur le devant, une plus vieille avec beaucoup de blanc qui la cache presque entièrement.
Les ombres très reflétées, blanc dans les ombres.
Un pilier se détachant en sombre sur le devant. Les femmes à gauche étagées comme des pots de fleurs. Le blanc et l’or dominent et leurs mouchoirs jaunes.
Enfants par terre sur le devant.
À côté du guitariste, le Juif qui joue du tambour de basque. Sa figure se détache en ombre et cache une partie de la main du guitariste. Le dessous de la tête se détache sur le mur. Un bout de gélabia sous le guitariste.
Devant lui, les jambes croisées, le jeune Juif qui tient l’assiette. Vêtement gris. Appuyé sur son épaule, un jeune enfant juif de dix ans environ.
Contre la porte de l’escalier, Prisadeia; mouchoir violâtre sur la tête et sous le cou. Des Juifs assis sur les marches; vus à moitié sur la porte, éclairés très vivement sur le nez, un tout debout dans l’escalier; ombre porter reflétée et se détachant du mur, reflet clair jaune. »
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