Le Palais Moulay Hafid est un ancien palais royal vendu à l’Italie pendant l’époque internationale de Tanger. Le lieu illustre la place particulière occupée par la ville dans l’histoire du Maroc et les imbroglios politiques et diplomatiques du pays entre 1844 et 1956. Un lieu exceptionnel assez peu connu et visité et pas toujours accessibles aux touristes. En cours d’écriture.
Le Palais Moulay Hafid (ou palais Abdelhafid) se trouve dans le quartier de Marshan à Tanger.
Construit en 1912-1913 pour servir de résidence principale au sultan Abdelhafid après son abdication, il n’a jamais servi à cette fin. Moulay Hafid ne l’habita jamais. En 1926–1927, l’édifice passa à la propriété du gouvernement italien, qui lui donna le nom de « Palais des Institutions Italiennes ».
Il s’insère dans une période de l’histoire de Tanger où la ville est « abandonnée » par le pouvoir central marocain pour devenir une ville internationale attirant diplomates, espions, investisseurs, aventuriers et escrocs de tout horizon .
Le Palais Moulay Hafid / Palais des Institutions Italiennes se présente comme un monument pivot à Tanger : non seulement par son architecture remarquable — riche d’influences mauresques et andalouses — mais aussi par son rôle dans l’histoire de la ville comme lieu de contact et de conflit entre souveraineté marocaine et influences européennes.
Histoire pleine de rebondissement du palais
Le palais se dresse sur l’ancienne propriété de la légation belge à Tanger.
La signature du traité de Fès instaure le protectorat français au Maroc. Le résident général, Hubert Lyautey, négocie l’abdication du sultan Abdelhafid en août 1912 en échange d’une généreuse pension. Celle-ci servit à la construction du palais sensé accueillir le sultan avec sa cour. Le Palais de la Casbah étant trop étroit.
L’ancien sultan ne l’habita cependant jamais. Il quitta le Maroc immédiatement après son abdication, séjourna quelque temps en France, puis s’installa en Espagne, il finit ses jours à Enghien-les-Bains près de Paris.
Ses liens pro-allemands pendant la Première Guerre mondiale conduisirent Lyautey à ordonner la confiscation de ses biens marocains en 1918.
Les autorités du protectorat vendirent ensuite le palais de Tanger lors d’une vente aux enchères publique. Acheté mais inutilisé pendant près d’une décennie.
Le palais resta continuellement vide de son achèvement jusqu’à son acquisition par l’Italie en 1927. A l’époque, l’Italie fasciste s’apprête à rejoindre les autres nations administrant la Zone Internationale de Tanger. Il s’agit de briller et d’avoir un pied en Afrique pour satisfaire les ambitions coloniales du Duce.
Rebaptisé Palazzo Littorio puis Casa d’Italia et enfin Palais des Institutions italiennes, il abrite diverses institutions publiques, dont des écoles et un hôpital, une station radiotélégraphique et un petit bureau de poste.
Une église catholique dédiée à Saint-François fut érigée à l’ouest de la propriété pour les moines franciscains en 1939-1940, en remplacement d’une chapelle plus petite construite en 1927.
Sa construction incita d’autres communautés nationales à construire leurs propres églises, notamment l’église française de Tanger (consacrée en 1953 et où Jean Luc Mélenchon était enfant de coeur) et l’église espagnole qui devint la cathédrale de la ville (consacrée en 1961).
Après l’indépendance du Maroc et le départ des autorités consulaires italiennes, l’édifice connut une période d’abandon et de dégradation. Le palais a été rénové au début des années 2000.
Ces dernières années, le palais a accueilli des événements culturels tels que la Foire internationale du livre de Tanger, le Festival des Nuits méditerranéennes et le festival de musique Tanjazz.
Côté jardin, vous trouverez le restaurant Casa d’Italia flottant dans une ambiance coloniale que l’on retrouve parfois dans l’ancienne Indochine française. Un côté parfaitement exotique et hors du temps. Je n’ai pas pu y manger et les commentaires sur la cuisine sont « partagés ». La carte est longue comme le bras, ce qui est rarement une bonne chose. Vous pourrez y boire du vin italien.
Vous y trouverez aussi un terrain de pétanque.
Architecture du palais
Diego Jimenez Armstrong est l’architecte du palais. Il conçut entre autres lieux remarquables à Tanger :
- L’emblématique Gran Teatro Cervantes,
- la synagogue Chaar Rafael (dite « de Bendrihem »),
- l’immeuble du Café Tingis sur la place du Petit Socco dans la Médina de Tanger.
- On retrouve également ses constructions ailleurs au Maroc, à Tétouan et Casablanca.
Le Palais est de style « mauresque-andalou » avec un vaste patio avec une fontaine et un jardin, des balcons aux arcs outrepassés, des décorations en stuc, mosaïques et marbre.
L’usage du marbre (notamment dans la fontaine centrale du patio), les colonnes de marbre de Carrare, les arcades en stuc sculpté, les sols en zellige ou damier sont mentionnés comme éléments décoratifs remarquables.
Ces choix témoignent d’un syncrétisme : respect des traditions de l’artisanat marocain (zellige, stuc) et importation ou inspiration de matériaux plus « européens » dans une logique de prestige.
Le jardin attenant, planté de palmiers, d’eucalyptus et d’orangers, contribue à l’ampleur de l’ensemble. L’édifice s’étendait sur une superficie de l’ordre de plus de 8 600 m² bâtis dans un domaine de près de 32 800 m², ce qui traduit une ambition volumétrique importante pour l’époque.
Informations pratiques
Le Palais Moulay Hafid (ou palais Abdelhafid) se trouve dans le quartier de Marshan à Tanger.
Adresse : 23, rue Mohammed Ben Abedelouhab
Accès : Le jardin et le restaurant sont accessibles au public. Le palais se visite lors d’évènements et la cour peut être parcouru à la discrétion du garde en poste. Parfois les week-ends, des évènements privés sont organisés, ce qui ne garantit pas de pouvoir passé une tête… Dans tous les cas, si vous
Horaires d’ouvertures : Lors d’évènements publiques et a priori, c’est plus facile de passer une tête en semaine.
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