L’Acid Test, c’est quoi ? Un crash test collectif : le cerveau remplace la Renault clio, avec du LSD en guise de super sans plomb pour fracasser les neurones passagers contre les parois de la réalité sensorielle. Ça se passe au début des 60’s et c’est comme un thé-dansant, avec une bassine remplie de LSD au milieu d’une foule. Un seul plat et buffet à volonté pour tout le monde.
Merry Pranksters
Une brillante idée que l’on doit à Ken Kesey, théoricien du trip sous acide et jeune auteur à la retraite suite à l’énorme succès de son second livre, Vol au dessus d’un nid de coucou. Préférant « devenir paratonnerre plutôt que sismographe », celui-ci a en effet abandonné l’écriture pour se lancer, lui et ses Merry Pranksters, dans la défonce à plein temps. A l’abri des regards dans sa propriété de La Honda -à la campagne mais non loin de la ville- sa bande de joyeux lurons s’éclate sur fond de jazz expérimental. On est dans le cadre privé, mais ce sont déjà les prémices de l’Acid Test, par définition ouvert au public.
Grateful Dead
Première véritable expérience de rave moderne, l’Acid Test organisé chez Ken Babbs (un autre Merry Prankster) à l’automne 1965 est aussi marqué par une singularité musicale. Mené par Jerry Garcia, les jeunes Warlocks préfèrent être le groupe maison des orgies toxiques organisées par les Pranksters plutôt que de courtiser les radios et le circuit TOP 40. Bientôt, la formation change de nom et adopte celui -plus connu-de Grateful Dead, qui restera à jamais synonyme de rock psychédélique, justement par qu’il était synchrone avec la déferlante de défonce ambiante.
La première rave moderne
Le second test, qui a eu lieu à San Jose le 4 décembre 65, est envahi par une foule de gamins sortis tout droit du concert des Rolling Stones donné au San Jose Civic Auditorium. C’est selon Tom Wolfe (auteur du livre Acid Test), « la première expérience de masse de l’acide ».
Le troisième a lieu le 18 décembre à Muir Beach, dans le Marin County. RAS, sinon que le célèbre trafiquant Oswley s’est tapé un bad trip grinçant sur sa propre marchandise (il était alors le plus gros fabricant de LSD de la région).
Une expérience illégale ?
Le 8 janvier 1966, San Francisco a enfin droit à son Acid Test, au Fillmore (1805 rue Fillmore). Autant de camés au m², ça ne devait pas être joli à voir : la police interrompt les festivités à 2h du matin, alors même que le LSD n’est pas interdit par la loi.
Pas pour longtemps en fait. Jusqu’à l’été 66, où une affaire fait grand bruit : des gamins sous trip se transforment en oiseaux et s’écrasent en bas d’un immeuble. La polémique aboutit à un changement de législation, et la possession de LSD devient hors-la-loi, le 6 octobre 1966.