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Le Musée archéologique de Tétouan comprend une collections d’artefacts antiques, mosaïques romaines, vestiges préhistoriques et andalous. La présentation est old school au possible, mais il y a quelques pièces et maquettes intéressantes à découvrir.

Mosaïque dans le musée archéologique de Tétouan.
Mosaïque dans le musée archéologique de Tétouan.

Situé entre la médina de Tétouan et le quartier d’El Ensanche, le Musée archéologique de Tétouan permet de comprendre les origines et la richesse patrimoniale du nord du Maroc.

Installé depuis 1939 dans un beau bâtiment de style hispano-mauresque, ce musée dévoile plus de deux millénaires d’histoire, des civilisations préhistoriques aux brillantes périodes romaines et islamiques.

Le Musée archéologique de Tétouan est particulièrement renommé pour sa collection de mosaïques romaines, provenant notamment du site antique de Lixus, près de Larache. Ces œuvres uniques témoignent de l’influence artistique et architecturale romaine dans la région. Le musée conserve également des pièces phéniciennes et maurétaniennes, rappelant l’importance de la façade atlantico-méditerranéenne dans les échanges antiques.

Si l’histoire vous intéresse, le Musée de la Kasbah à Tanger revient sur la préhistoire et l’antiquité au Nord du Maroc.

Mon avis : Pour être honnête, le musée est décevant. Les musées nationaux au Maroc connaissent un renouveau remarquable dans le fond et la forme avec des expositions plus riches et des mises en forme plus engageantes. Visiblement, ce mouvement n’est pas encore arrivé jusqu’ici. Peu de contexte, une muséographie vieillotte, des mises en avant sommaires (une oeuvre sur une chaise), des restaurations baclées (mosaïques). Il y a quelques objets intéressants et quelques sites exceptionnels, mais l’ensemble mériterait d’être repensé et rénové. Compte tenu du prix d’entrée modique, profitez-en pour passer une tête. Par ailleurs, l’histoire avant l’arrivée de l’Islam est un sujet un peu délicat au Maroc.

Dans le jardin du Musée d'archéologie de Tétouan.
Dans le jardin du Musée d’archéologie de Tétouan.

Bâtiment d’exposition et jardin

Le musée occupe un édifice construit dans les années 1930, conçu dans un style néo-hispano-mauresque fréquent dans la Nouvelle Ville de Tétouan (El Ensanche). L’architecture reprend des éléments typiques de l’art arabo-andalou.

Un jardin à l’entrée du musée offre un espace d’exposition pour certaines pièces en plus d’apporter lumière et fraîcheur lors de la visite.

Jardin du musée archéologique de Tétouan.
Jardin du musée archéologique de Tétouan.

Collection du musée d’archéologie

La collection suit un parcours chronologique, allant de la préhistoire à la période islamique. Cette structuration permet une compréhension progressive de l’histoire de la région. Les salles sont thématiques et accompagnées de fiches explicatives.

Les premières vitrines présentent des outils lithiques, témoignant de la présence humaine dans le Rif dès le Paléolithique. Suivent des objets néolithiques et des poteries protohistoriques, qui documentent l’évolution des techniques artisanales.

L’exposition permanente consacrée à l’époque antique inclut des stèles phéniciennes, des fragments de sculptures maurétaniennes et surtout une série de mosaïques provenant de Lixus, datées entre le Ier et le IIIe siècle et du site antique de Tamuda.

Crâne percé d'une flêche au Musée d'archéologie de Tétouan.
Crâne percé d’une flêche au Musée d’archéologie de Tétouan.

Préhistoire au Maroc : origines et grandes étapes

La Préhistoire débute lorsque les premiers Homo habilis eurent l’idée de tailler un galet afin d’en faire un outil tranchant. Elle s’achève avec l’apparition de l’Homo sapiens sapiens, inventeur de l’écriture, qui ouvre ainsi l’ère des temps historiques.

Il y a près d’un million d’années, les plus anciens ancêtres humains connus se sont installés sur le territoire marocain. Ils occupaient alors des grottes, des abris sous roche ou des campements de plein air. L’évolution de l’homme préhistorique se divise en deux grandes phases : le Paléolithique et le Néolithique.

Paléolithique (ou âge de la pierre taillée)

Cette longue période est marquée au Maroc par quatre grandes cultures matérielles :

– L’Acheuléen (environ 1 000 000 à 100 000 ans)
Cette civilisation se distingue par la fabrication de bifaces, de hachereaux sur éclats et d’outils sur galets. Les restes humains les plus anciens, attribués à l’Homo erectus, ont été retrouvés à Thomas I et Sidi Abderrahmane (Casablanca), Aïn Maarouf (El Hajeb, Meknès), ainsi qu’à Salé et Rabat.

– Le Moustérien (100 000 à 40 000 ans)
Peu documentée au Maroc, cette culture est néanmoins représentée par le site de Jbel Irhoud, à l’est de Safi, qui a livré des restes humains. Cet homme est contemporain de l’Homme de Néandertal en Europe.

– L’Atérien (40 000 à 20 000 ans)
Propre au Maghreb, cette civilisation est caractérisée par des outils à pédoncule. Le Maroc est à ce jour le seul pays du Maghreb à avoir livré des restes humains atériens, déjà identifiés comme de véritables Homo sapiens sapiens.

– L’Épipaléolithique (Ibéromaurusien) (20 000 à 10 000 ans)
Cette culture se distingue par des outils microlithiques (lames et lamelles en pierre). On y observe également de nouveaux rites funéraires : inhumation en position semi-fléchie et extraction volontaire de certaines dents (avulsion dentaire). Le site majeur de cette civilisation est celui de Taforalt, près d’Oujda.

Gravure rupestre dans le musée archéologique de Tétouan.
Gravure rupestre dans le musée archéologique de Tétouan.

Néolithique (ou âge de la pierre polie)

À partir de 6000 av. J.-C., une transformation majeure se produit : les populations adoptent un mode de vie sédentaire fondé sur l’agriculture et l’élevage. Cela entraîne l’apparition de nouveaux outils comme les meulespolissoirs et céramiques.

De cette période datent également les premiers éléments architecturaux, notamment le célèbre cromlech de M’zora, considéré comme l’un des plus importants monuments mégalithiques d’Afrique du Nord.

Vers 3000 av. J.-C., apparaissent les premiers objets métalliques ainsi que de nombreuses gravures rupestres. Cette transition entre Préhistoire et Histoire est qualifiée de Protohistoire, ou encore d’Âge des métaux.

Cromlech de Moz’ra, un site mégalithique exceptionnel

Le site de Moz’ra constitue l’un des monuments mégalithiques les plus remarquables du nord du Maroc. Il se situe entre Tanger et Larache, au sud-est d’Assilah, sur le territoire de la commune de T’nine Sidi Lyamani, au lieu-dit Chouahed.

L’ensemble se compose de 176 monolithes, d’une hauteur moyenne de 1,50 mètre, parmi lesquels se distingue « El Uted », le plus imposant, culminant à 5,34 mètres. Les pierres, soigneusement dégrossies et polies, ont été implantées verticalement de manière à former une ellipse de 59 mètres sur 56 mètres. En son centre s’élève un tumulus d’environ 6 mètres de hauteur.

Ce monument attire l’attention depuis l’Antiquité : Strabon puis Plutarque l’ont mentionné, attribuant l’ensemble au tombeau mythique d’Antée, roi de Libye, vaincu par Hercule près du site antique de Lixus. À partir du XIXe siècle, de nombreux voyageurs occidentaux en ont également livré des descriptions.

Selon la tradition orale, les premières fouilles menées en 1935-1936 par C.L. de Montalban auraient mis au jour une tombe centrale, une épée de fer et une stèle portant une inscription en caractères libyco-berbères. Ces découvertes plaidaient pour une origine protohistorique du site. Toutefois, des études plus récentes tendent à situer la construction du cromlech initial à la préhistoire, entre le IIIe et le IVe millénaire avant J.-C.

Mégalitique du cromlech de M'Zora dans le nord du Maroc. Photo du Musée d'archéologie de Tétouan.
Mégalitique du cromlech de M’Zora dans le nord du Maroc. Photo du Musée d’archéologie de Tétouan.
Maquette du cromlech de M'Zora dans le nord du Maroc. Musée d'archéologie de Tétouan.
Maquette du cromlech de M’Zora dans le nord du Maroc. Musée d’archéologie de Tétouan.

Tétouan et sa région à l’antiquité

De Juba II à l’annexion romaine de la Maurétanie tingitane

Né en 52 av. J.-C. à Annaba en Numidie (actuelle Algérie), Juba II était le fils de Juba Ier, dernier roi de la Numidie orientale. Après la défaite de son père face à Jules César, l’enfant de cinq ans fut emmené à Rome comme otage. Il y reçut une éducation brillante à la cour d’Auguste, qui en fit un prince lettré, passionné de sciences, de mathématiques et de littérature. Auteur de plusieurs ouvrages, dont seuls quelques fragments subsistent, Juba II incarne l’un des souverains les plus cultivés de son temps.

Auguste l’épousa à Cléopâtre Séléné, fille de Marc Antoine et de Cléopâtre VII, réunissant ainsi deux prestigieuses lignées. Leur union donna naissance à Ptolémée, qui régna d’abord aux côtés de son père à partir de 21 ap. J.-C., puis seul à la mort de Juba II en 23 ap. J.-C..

Cependant, le destin de ce royaume allait basculer sous l’empereur Caligula. En 40 ap. J.-C., Ptolémée fut assassiné sur son ordre, à Lyon dans l’amphithéâtre des pentes de la Croix Rousse, marquant la fin de la dynastie.

La Maurétanie fut alors annexée et transformée en province romaine, sous le nom de Maurétanie tingitane (correspondant en grande partie au Maroc actuel).

Carte de la Mauretanie tingitane au I et IIe siècle - Image d'Augusta 89. Licence ccbysa 4.0
Carte de la Mauretanie tingitane au I et IIe siècle – Image d’Augusta 89. Licence ccbysa 4.0

La Maurétanie tingitane sous domination romaine

De 40 ap. J.-C. au IIIe siècle, la présence romaine intégra le pays aux grands courants économiques et culturels de l’Empire. Les ports marocains s’approvisionnaient en produits venus de Gaule, d’Hispanie et, plus tard, d’Afrique du Nord. La romanisation se manifeste encore aujourd’hui à travers des sites archéologiques majeurs tels que Volubilis, Lixus, Tamuda ou Banasa, qui ont livré statues en bronze et en marbre, mosaïques, céramiques, bijoux et mobilier funéraire.

À partir de 285, Rome réduisit progressivement son emprise, se repliant sur quelques points stratégiques, notamment Sala (Rabat) et Mogador (Essaouira). Les vestiges de cette période tardive sont rares, souvent limités à des lampes, parfois ornées de symboles juifs ou chrétiens.

Au Ve siècle, l’Empire romain se retira définitivement du Maroc. Seule Ceuta demeura sous contrôle, avant de passer sous domination byzantine, prélude à l’arrivée de l’Islam.

Site antique de Lixus

Parmi les pièces phares du musée, la mosaïque des neuf dauphins, découverte à Lixus près de Larache, retient particulièrement l’attention. Datée du IIe siècle après J.-C., elle illustre des dauphins stylisés nageant dans un décor marin. Au-delà de son intérêt esthétique, elle témoigne des croyances romaines liées à la mer et à la mythologie, les dauphins étant souvent associés à la protection des navigateurs.

Cette œuvre est devenue l’emblème du musée et figure sur de nombreux supports de communication. Elle incarne la vocation de Tétouan à relier la mer, la culture et l’histoire.

Le site antique de Lixus, situé sur une colline dominant le fleuve Loukkos est l’un des plus anciens établissements urbains du Maroc et de tout le littoral atlantique africain. Occupé dès le VIIIᵉ siècle av. J.-C. par les Phéniciens, il devint une colonie carthaginoise, puis un important centre romain intégré à la Maurétanie Tingitane.

Lixus fut célèbre dans l’Antiquité pour sa production de garum, une sauce de poisson très prisée à Rome, fabriquée dans d’imposants ateliers dont les bassins sont encore visibles. Le site conserve également les vestiges d’un capitole, d’un théâtre, d’un forum, de thermes et d’un quartier résidentiel orné de mosaïques.

Chargée de mythes, Lixus fut identifiée dès l’époque gréco-romaine comme le lieu du jardin des Hespérides et du tombeau d’Antée, vaincu par Hercule selon la légende. Et non le Cap Spartel à Tanger. Ce double héritage, à la fois historique et mythologique, confère à Lixus une valeur symbolique rare : celle d’un pont entre Orient et Occident, entre mythe et archéologie, où se lit la continuité du peuplement et de la culture méditerranéenne sur le sol marocain.

Théâtre romain de Lixus  près de Larache. Photo d'Ideophagous - Licence ccbysa 4.0
Théâtre romain de Lixus près de Larache. Photo d’Ideophagous – Licence ccbysa 4.0
Site antique de Lixus  près de Larache. Photo de Carole-Raddato - Licence ccbysa 2.0
Site antique de Lixus près de Larache. Photo de Carole-Raddato – Licence ccbysa 2.0

Site antique de Tamuda

Le site antique de Tamuda, situé à 5 km au sud-est de Tétouan sur les rives de l’oued Martil, constitue l’un des témoignages archéologiques majeurs du nord du Maroc. Le site antique peut être visité.

Fondée au IIIᵉ siècle av. J.-C. par les Berbères maures, la cité devint un important centre urbain et militaire sous la domination romaine, intégrée à la province de Maurétanie Tingitane après l’annexion du royaume de Juba II en 40 apr. J.-C.

Tamuda se distingue par son plan orthogonal, ses thermes publics, ses entrepôts et ses fortifications de pierre, révélant un haut degré d’organisation urbaine. Les fouilles ont livré une abondance de céramiques, monnaies, lampes et objets de parure, attestant de la vitalité économique de la ville et de ses échanges avec Lixus, Volubilis et le reste de l’Empire romain.

Des vestiges de sanctuaires et de nécropoles témoignent également d’une coexistence entre traditions locales et culture romaine. Détruite au Ve siècle, probablement lors des incursions vandales, Tamuda n’en demeure pas moins le berceau antique de Tétouan, inscrivant la ville moderne dans une continuité historique exceptionnelle entre monde berbère, Rome et Méditerranée.

Site antique de Tamuda à tétouan (Maroc). Photo d'Ideophagous - Licence ccbysa 4.0
Site antique de Tamuda à tétouan (Maroc). Photo d’Ideophagous – Licence ccbysa 4.0

Une visite adaptée aux familles ?

Le Musée archéologique de Tétouan peut constituer une sortie familiale enrichissante. Si le contenu reste principalement académique, les enfants peuvent être intéressés par les mosaïques, les statues et les objets de la vie quotidienne antique. Même si la manière de présenter l’histoire est ici assez aride et peu enthousiasmante.

L’ambiance calme et la taille raisonnable du musée permettent une découverte sans fatigue, adaptée même aux plus jeunes.

Informations pratiques sur le musée d’archéologie de Tétouan

Le Musée archéologique de Tétouan est situé entre la médina de Tétouan et le quartier d’El Ensanche.

Adresse : 2 Avenue Ben Hssain, Tétouan

Horaires d’ouverture : Ouvert du lundi au dimanche, de 10h à 18h. Fermé mardi.

Prix / tarif d’entrée (en 2025) : 10 ou 20 DRH (moins de 1 ou 2 euros) pour les adultes, tarif réduit pour les étudiants et gratuit pour certains publics.

Site officiel : https://fnm.ma/musees-ouverts/musee-archeologique-de-tetouan/

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Mosaïque dans le musée archéologique de Tétouan.

Maciej

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