Découvrez l’histoire fascinante de Tétouan, du monde antique aux influences andalouses, en passant par la période mérinide et le protectorat espagnol. Explorez les grandes étapes qui ont façonné cette cité du Rif, carrefour entre cultures méditerranéennes et marocaines.

Nichée entre les montagnes du Rif et la Méditerranée, Tétouan est devenue au fil des siècles un lieu de conquête, de refuge et d’échange où les influences berbères, arabes, andalouses, juives et espagnoles imprimèrent traditions, cultures et architecture. Ses remparts, ses patios, ses quartiers hérités du protectorat et ses musées racontent une histoire riche, complexe parfois tragique.
Comment cette cité, parfois reléguée dans l’ombre de Fès, Marrakech, Tanger ou même Chefchaouen, a-t-elle réussi à préserver une identité aussi singulière et raffinée ?
Voici les grandes étapes de son histoire, des origines antiques à son rayonnement contemporain pour en savoir plus.
Préhistoire et antiquité
Préhistoire de la région
À partir de 6000 av. J.-C., une transformation majeure se produit : les populations adoptent un mode de vie sédentaire fondé sur l’agriculture et l’élevage. Cela entraîne l’apparition de nouveaux outils comme les meules, polissoirs et céramiques.
De cette période datent également les premiers éléments architecturaux, notamment le célèbre cromlech de M’zora, considéré comme l’un des plus importants monuments mégalithiques d’Afrique du Nord.
Vers 3000 av. J.-C., apparaissent les premiers objets métalliques ainsi que de nombreuses gravures rupestres. Cette transition entre Préhistoire et Histoire est qualifiée de Protohistoire, ou encore d’Âge des métaux.
Les premiers peuplements berbères
Bien avant la fondation de la ville actuelle, la région de Tétouan fut habitée par des tribus berbères. Ces populations tirèrent profit de la proximité des montagnes et de la mer, développant une culture agraire et pastorale. Le site constituait déjà un espace stratégique, un point de passage entre l’arrière-pays rifain et la Méditerranée.
L’influence romaine
Aux premiers siècles de notre ère, l’empreinte de Rome se fit sentir.
La ville antique de Tamuda, située à quelques kilomètres de l’actuelle Tétouan, en témoigne. Fondée vraisemblablement au Ier siècle av. J.-C., elle prospéra sous l’administration romaine avant d’être détruite au IIIe siècle.
Des vestiges archéologiques — murailles, thermes, mosaïques — témoignent de cette période où le territoire s’ouvrait aux flux méditerranéens. Ils sont visibles dans le Musée d’archéologie de Tétouan.
Le Moyen Âge : naissance, destruction et renaissance
La fondation sous les Mérinides (XIIIᵉ siècle)
La véritable histoire de Tétouan commence au XIIIᵉ siècle, lorsque les souverains mérinides décident d’ériger une petite cité fortifiée sur les ruines antiques.
L’objectif était clair : contrôler les routes menant à Ceuta et sécuriser les confins du nord du Maroc. Tétouan prit alors une dimension stratégique, mais demeura encore modeste par rapport aux grandes cités impériales.
La destruction portugaise (1437)
Au XVe siècle, l’expansionnisme ibérique bouleversa l’équilibre.
En 1437, les Portugais, déjà maîtres de Ceuta (mais pas encore d’Asilah sur l’océan Atlantique), détruisirent Tétouan afin de réduire la menace des corsaires musulmans qui trouvaient refuge dans son port. La ville fut laissée en ruines, désertée et oubliée pendant plusieurs décennies.
La renaissance andalouse (fin du XVe siècle)
La véritable métamorphose eut lieu à la fin du XVe siècle, avec l’arrivée massive des réfugiés andalous chassés d’Espagne après la chute de Grenade en 1492.
Sous l’impulsion de Sidi Ali al-Mandri, officier grenadin, la ville renaquit littéralement de ses cendres. Ces exilés apportèrent leur savoir-faire architectural, artistique et artisanal.
Tétouan devint alors une cité andalouse hors d’Andalousie, avec ses patios fleuris, ses maisons blanchies, ses zelliges raffinés et ses traditions musicales héritées d’Al-Andalus.
L’époque moderne : Tétouan, ville cosmopolite et carrefour des échanges
L’âge d’or andalou et méditerranéen (XVIᵉ – XVIIIᵉ siècles)
Aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, Tétouan connut un essor remarquable grâce à son rôle commercial et maritime. Ses habitants, souvent issus des grandes familles andalouses, développèrent des échanges avec l’Espagne, l’Italie et l’Empire ottoman.
La ville acquit également une réputation de centre spirituel et intellectuel, attirant des érudits et des artisans réputés.
Une cité corsaire
La proximité de la mer fit aussi de Tétouan un refuge pour les corsaires, qui menèrent des expéditions contre les navires européens. Cette activité, à la fois redoutée et admirée, contribua à la prospérité locale tout en attirant la méfiance des puissances étrangères.
Le XIXᵉ siècle : l’influence européenne et la guerre d’Espagne
À partir du XIXᵉ siècle, Tétouan vit s’intensifier les contacts avec l’Espagne et d’autres puissances européennes.
L’un des épisodes les plus marquants fut la guerre entre l’Espagne et le Maroc, qui culmina par la prise de Tétouan en 1860 par les troupes espagnoles. Cet événement marqua durablement la mémoire de la ville, confirmant son rôle stratégique dans les rivalités coloniales de la Méditerranée.
Début du XXᵉ siècle : capitale du protectorat espagnol
En 1913, avec l’instauration du protectorat espagnol, Tétouan fut désignée capitale du Maroc espagnol.
De nouvelles influences architecturales et urbanistiques se firent sentir, donnant naissance au quartier moderne de l’Ensanche, bâti selon un plan rectiligne d’inspiration espagnole.
Ce statut renforça son importance politique et culturelle. L’architecture de l’époque, mêlant rationalisme européen et traditions locales, transforma son visage urbain. Le quartier du Ensanche devint le symbole de cette modernité coloniale, avec ses avenues bordées de bâtiments officiels et de villas élégantes.
Pendant cette période, Tétouan s’imposa comme un pont entre le Maroc et l’Espagne, attirant intellectuels, diplomates et artistes.
L’influence espagnole marqua durablement la vie quotidienne, la langue et la culture, tout en coexistant avec la tradition andalouse et marocaine.
1956 L’indépendance et l’héritage contemporain
Avec l’indépendance du Maroc en 1956, Tétouan perdit son rôle de capitale administrative au profit de Rabat, mais conserva une place culturelle de premier plan. La ville développa ses institutions éducatives et artistiques, comme l’École des Beaux-Arts, qui perpétue la tradition andalouse dans l’art moderne marocain.
En 1997, la médina de Tétouan fut inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce classement reconnaît son authenticité exceptionnelle, témoin direct de la rencontre entre cultures andalouses et maghrébines.
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