Condescendant à l’égard de la scène folk et des jeunes branchés LSD, le mouvement beat de North Beach passe de mode et voit son quartier d’implantation s’embourgeoiser dès le début des 60’s. De l’autre côté de la frontière acide, on réalise la nécessité d’avoir sa propre scène, des lieux et un look à soi…
Direction le sud, aux abords du Golden Gate Park, à l’autre bout de North Beach.
L’architecture y est vraiment intéressante vu que le quartier survécut au tremblement de terre de 1906 et aux multiples incendies dévastateurs, et donc ce quartier se prête à la flanerie. Allez faire un tour sur Haight St., Alamo Square (où se trouve l’alignement de maisons le plus célèbre de la ville : les « Painted Ladies »), Buena Vista Park ou Masonic St.
Haight Ashbury est le berceau du mouvement hippie, ainsi que d’une demi-douzaine d’autres mouvements contre-culturels. Le quartier sombra dans les années 70 dans la violence liée à l’héroïne. San francisco a vite fait de débarrasser de la poudre blanche ce quartier fort sympathique, avec ses maisons bariolées, ses fresques révolutionnaires, ses «smoke-shop» et ses boutiques de disques et de livres d’occaz’. Grâce à cette politique et à un certain renouveau du mouvement hippie, ce quartier redevient aujourd’hui le «centre du monde» à la philosophie très tolérante.
Election d’un quartier populaire
Après la Seconde Guerre Mondiale, Haight Ashbury ne recevait plus les faveurs de la upper class. La présence importante de la communauté noire fait fuir les riches.
Tout naturellement, les hippies jettent leur dévolu sur un coin pas cher, peuplé d’ouvriers et multiethnique : à 30 minutes de la côte, Haight-Ashbury abrite aussi beaucoup d’étudiants de la San Francisco State University (la fac d’Etat, celle où l’inscription ne coûte pas un bras). Nourriture, drogues hallucinogènes et concerts étaient à cette époque gratuits, ce qui contribua à la popularité de H.A., qui culmina en 1967 avec le «Summer of Love», soit un festival qui accueillit un demi-million de jeunes.
Emergence du look hippie…
Début 64, le coffeehouse The Blue Unicorn ouvre ses portes, et déjà on remarque les premiers changements vestimentaires post-beatnik, pré-hippie : les vieilles fripes bohèmes laissent place aux tenues excentriques récupérées dans les bazars qui se mettent à bourgeonner aux abords du Golden Gate Park. Robes flottantes, couleurs criardes, vestes loufouques et accessoires flamboyants zig-zaguent le long des rues, enveloppant des corps désobéissants et de plus en plus chevelus… L’origine de cette anarchie vestimentaire ? Les jeunes se droguent non-stop : les yeux en mode kaléidoscope, ils s’habillent comme un trip de LSD. Simple.
Pour les hippies en pèlerinage, la maison des Grateful Dead se trouve au 710 Ashbury St., celle de Janis Joplin au 112 Lyon St., celle de Hendrix au 142 Central, celle de Hunter S. Thompson (auteur-journaliste qui écrivit un bouquin sur les Hell’s Angels et « Las Vegas Parano ») au 318 Parnassus Ave.
…Et victoire du vintage
A ce titre, le Magic Theater for Madmen Only semble être la première boutique hippie (ils appellent ça un « headshop »). Ouvert par Mike Ferguson, le futur pianiste des Charlatans, ce point de ralliement de la jeunesse psychédélique a pour spécialité la vente de pipes à eau et de veilles frusques des années 1900 -le vintage en vogue à l’époque- style Liaisons Dangereuses. On est donc loin des clarks et des vestes en velours côtelé tunnées avec du cuir au niveau des coudes.
NB : si tu as lu attentivement ces lignes, tu as enfin compris ce que ta grand-mère refuse d’admettre depuis le début : hippie, beatnik et zazou, c’est pas tout pareil. Si si mamie.
Et enfin ! Les bonnes adresses :
Pour ceux (et celles) qui sont à la recherche de bons plans vintage/fripes, le quartier reste plein de bonnes adresses, la première étant Haight Street. Mode opératoire : prendre le bus direction uptown sur Market street, aller au terminus, descendre Haight à pieds sans louper les boutiques qui suivent (dans l’ordre, liste non mise à jour) : Static (au 1764), Millesime (1740), La Rosa (1711), Wasteland (1660), Buffalo Exchange (1555 Haight), Held Over (1543), Aaardvark’s (1501), Satellite Vintage (1364), etc. Entre ces boutiques, il y a bien sûr de jolies boutiques « normales », des disquaires, et un million de chouettes cafés où se restaurer à la coule. J’ai dit qu’Haight street était la meilleure rue de la ville ?
Pour ceux qui en veulent encore, il y a aussi de quoi faire sur Polk Street, dans le quartier Polk Village (au pied de Russian Hill), notamment au 2354 (chez Labels), au 2056, au 2004 (Molte cose), et chez fashion Exchange (au 1215).
Pour les sévèrement cinglés, les rues Valencia, Mission, Church et Fillmore sont également bien pourvues.